Nations-Unies : Nabil Ammar plaide pour une réforme du FMI

La Tunisie a-t-elle tourné définitivement la page du prêt de 1,9 milliard de dollars qu’elle avait sollicité auprès du Fonds monétaire international (FMI) ? La dernière déclaration du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar, plaidant pour une «réforme urgente» du système financier mondial et particulièrement le FMI semble aller dans le sens de cette rupture annoncée.

Le ministre s’exprimait lors d’une allocution prononcée, jeudi 21 septembre 2023, au nom du groupe des pays africains dont la présidence est assurée actuellement par la Tunisie, dans le cadre du dialogue de haut niveau sur le financement du développement tenu en marge de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York. Il n’a fait en réalité que réitérer des positions déjà exprimées à plusieurs reprises par le président de la république Kaïs Saïed qui avait rejeté les réformes structurelles convenues par l’Etat tunisien dans le cadre d’un prêt du FMI, les qualifiants de «diktats inacceptables».  

Pur produit d’un statu quo financier et économique post-1945, le FMI est appelé plus que jamais à devenir plus représentative des pays en développement afin qu’elle soit en phase avec les mutations dramatiques du monde d’aujourd’hui, a fait savoir le ministre tunisien.

Cette institution est invitée également à mobiliser des financements essentiels et abordables pour aider les pays à lutter contre la crise climatique, à éliminer la pauvreté et à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) prônés par l’Onu, a souligné Ammar. 

Le chef de la diplomatie tunisienne a fustigé les «architectes» du système financier international (dans une limpide allusion aux puissances occidentales), qui, selon lui, n’a pas réussi à répondre aux besoins pressants des pays en développement, tout comme il n’a jamais offert une soupape de sécurité aux pays en développement face à leurs crises récurrentes et aux défis de taille auxquels ils sont confrontés.

Comme preuve, le ministre tunisien a évoqué la triste et morose crise de la pandémie Covid-19 lors de laquelle les pays africains n’ont perçu que 5% des revenus et des recettes des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI.

Le ministre Ammar a cité à l’appui de son argumentaire l’exemple de la crise sans précédent de l’endettement extérieur des Etats vulnérables, dont la Tunisie, et les coûts exorbitants supportés par ces pays au titre des opérations d’emprunt sur les marchés financiers. 

Autant de facteurs qui viennent endiguer les efforts de développement de ces pays et freiner la relance des économies africaines prises entre le marteau du financement du service de la dette extérieure et l’enclume de la fourniture des commodités de base aux populations locales.

Et le ministre d’ajouter que les cadres structurels et institutionnels d’aujourd’hui sont dans l’incapacité de résoudre ces problèmes de taille, plaidant en contrepartie en faveur de l’instauration d’un mécanisme innovant de règlement de la dette et la mise sur pied d’un cadre juridique multilatéral permettant sa restructuration. Le but étant de contribuer efficacement à la prévention des crises d’insolvabilité des Etats lors du paiement de la dette et la garantie d’un financement à des taux préférentiels pour l’investissement dans les ODD.

Le ministre des Affaires étrangères a, de plus, exhorté la communauté internationale à aider autant que possible les pays africains à mobiliser des ressources internes en œuvrant plus efficacement à réduire les flux financiers illicites, à identifier et à geler les fonds pillés et à faciliter leur restitution vers leur pays d’origine, conformément aux dispositions du droit international, dont notamment, la Convention des Nations Unies contre la corruption.

La réunion se tient une fois tous les deux ans pour dresser un bilan des progrès et avancées réalisés dans la mise en œuvre des recommandations de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement (Plan d’action d’Addis-Abeba). 

La réunion a été marquée par la présence d’un grand nombre de chefs d’État et de gouvernement et de chefs de délégation participant aux travaux du segment de haut niveau de la 78e session de l’Assemblée générale.

D’après Tap.

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