Le secteur bancaire ne finance pas assez l’économie en Tunisie

Le secteur bancaire doit jouer pleinement son rôle dans le financement des investissements et des projets, souligne une étude sur les «Problèmes de financement de l’économie» réalisée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).

L’étude soutient que le système bancaire tunisien doit être radicalement transformé afin d’améliorer ses performances en matière de financement de l’économie, des particuliers et des petites et moyennes entreprises (PME).

Cette étude, présentée lundi 30 octobre 2023, lors d’une journée d’étude à Tunis, propose également l’activation de l’économie sociale et solidaire (ESS) comme moyen de dynamiser l’épargne et l’investissement en Tunisie.

Une économie au service des autres

S’exprimant à cette occasion, Abdeljalil Bedoui, responsable de l’étude au FTDES, a déclaré que «le financement de l’économie tunisienne est devenu difficile alors que le pays souffre d’une crise financière publique complexe». Il a ensuite évoqué l’aspect historique et structurel du financement de l’économie à travers l’héritage colonial, qui a eu un impact négatif sur le taux d’épargne, qu’il a qualifié de «faible», en raison du transfert de richesses à l’étranger vers les pays développés, a-t-il dit.

Bédoui a également souligné que le modèle de développement adopté depuis l’indépendance, notamment depuis les années 1960, «ne peut pas accroître le volume des richesses productives». Cela, a-t-il expliqué, est dû à l’existence de plusieurs canaux illégaux de transfert financier et à la contrebande d’argent par l’intermédiaire d’institutions non-résidentes habilitées à transférer leurs bénéfices et le service de leur dette. Ces facteurs ont conduit à une économie qui fonctionne pour le bénéfice des autres, car tous les fondements de la création de richesse disparaissent, a déclaré l’économiste.

L’étude recommande également d’améliorer les performances du secteur bancaire afin d’atteindre le niveau de certains pays où les prêts représentent plus de 100% du PIB. Elle suggère aussi de réduire le recours à la dette extérieure en améliorant les performances du secteur bancaire et en augmentant la petite épargne en renforçant l’ESS qui peut mobiliser des financements et améliorer l’épargne.

L’amélioration des performances du système bancaire passera nécessairement par une restructuration par la réduction du nombre de banques, comme au Maroc, où le nombre de banques est inférieur à celui de la Tunisie mais où les prêts dépassent 100% du PIB, a souligné le responsable du FTDES.

Il a également critiqué le faible niveau de financement bancaire des PME, qui représentent 90% du tissu économique mais ne reçoivent que 12% de ces financements.

L’étude a été réalisée par cinq économistes : Abdejalil Bedoui, Zied Saadaoui, Mongi Mokadem, Mohamed Sami Nebiet et Nourel Houda Jelassi.

La première partie traite de l’histoire de la problématique du financement et de ses relations avec les composantes du modèle de développement.

La deuxième a porté sur la contribution du système bancaire tunisien au financement de l’économie nationale et a mis en évidence la nécessité d’une transformation profonde du système bancaire en vue d’améliorer ses performances dans le domaine du financement de l’économie, des particuliers et des petites et moyennes entreprises (PME).

Une épargne trop faible pour impulser l’investissement

La troisième partie a traité de la contribution des financements étrangers au renforcement du développement de la Tunisie et à la plus grande intégration de son économie dans l’économie mondiale, tout en soulignant sa contribution limitée à celle-ci.

La quatrième partie a souligné la nécessité de promouvoir l’épargne nationale comme moyen clé de financement des investissements et de renforcer le processus de développement en mettant en œuvre une réforme fiscale audacieuse, en augmentant les ressources non fiscales, en rationalisant les dépenses publiques et en développant l’épargne populaire afin de réduire l’écart croissant entre le taux d’épargne dans le PIB et le taux d’investissement, qui atteindra 9% en 2020.

Quant à la cinquième partie de l’étude, elle a souligné la nécessité de développer une économie sociale comme source supplémentaire de financement et élément important d’enrichissement du tissu économique et institutionnel, tout en augmentant le taux de création de richesse et en renforçant la voie du développement.

La sixième partie a également abordé la question de la microfinance comme outil pour accélérer l’intégration financière des groupes exclus du circuit économique.

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