Les Arabes face au conflit israélo-palestinien : une impuissance assumée  

En 1973, les Arabes ont remporté une demi-victoire face à Israël en pesant de leur poids dans la géostratégie mondiale? Pourquoi ce qui était possible en 1973 ne l’est plus en 2023? (Illustration : les Arabes du tandem Anouar Sadate – Faysal Bin Abdulaziz au tandem Abdelfattah Sissi – Mohammed Ben Salmane).

Par Samir Gharbi

La guerre d’octobre 1973 déclenchée le 6 octobre 1973 contre Israël par l’Egypte et la Syrie avait soulevé le monde arabe.

Dès le 16 octobre, les pays arabes pétroliers, réunis au Koweït, décident sous la houlette de Cheikh Yamani, ministre saoudien du Pétrole, de réduire leur production de pétrole et d’augmenter le prix du baril de 70%.

Choc pétrolier

Le 20 octobre, le roi Fayçal d’Arabie saoudite tape sur la table et annonce l’arrêt des livraisons de pétrole aux Etats-Unis…

Le 5 novembre, les pays pétroliers arabes décident de classer les pays importateurs en trois catégories : les pays amis, dont la France et l’Espagne, les pays ennemis, dont les Etats-Unis et les Pays-Bas; et les pays neutres…

Le sommet arabe en novembre 1973 à Alger permet d’obtenir de plusieurs pays africains, asiatiques et sud-américains la rupture de leurs relations diplomatiques avec Israël…

La réaction arabe face au soutien américain à Israël a donc été ferme… Certes la guerre se termine avec la défaite militaire arabe, mais le choc pétrolier a provoqué une crise mondiale et a permis d’entamer des négociations de paix avec Israël.

Mais le camp arabe va vite se fissurer… Le président Sadate, pour accélérer le processus de paix, décide courageusement de se rendre en Israël en novembre 1977…

Il provoque un tollé : l’Egypte est exclue de la Ligue arabe et le siège de la Ligue arabe est transféré à Tunis (1979)…

Voilà deux grands événements dont les effets ne ressemblent plus à ceux de 2023…

Le Hamas attaque Israël, et la Ligue arabe, qui est revenue au Caire, met plus d’un mois pour se réunir à Riyad. Les réactions arabes sont purement verbales.

Mais si l’Egypte avait été punie en 1978 pour avoir signer les accords de Camp David avec Israël, aucun pays arabe ne l’a été en 2022…

Pourquoi une telle inaction officielle alors que les «peuples» sont en plein émoi devant les bombardements interminables israéliens sur un bout de l’Etat palestinien à Gaza.

Parce que…

Plusieurs pays arabes – dont le Maroc, le Koweït, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Qatar, Djibouti – abritent des bases américaines…

Plusieurs pays ont noué des relations officielles avec Israël depuis 2020 (accords d’Abraham) : Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc et Soudan, qui s’ajoutent à l’Egypte et à la Jordanie dont les relations remontent à quelques décennies…

L’arme du pétrole, qui ne demande qu’à être utilisée, est mise aux oubliettes de l’histoire. Les pays arabes qui ont gagné des centaines de milliards de dollars grâce au choc de 1973, sont aujourd’hui avachis. Ils ont besoin de sécuriser leur pouvoir – par le parapluie américano-israélien.

Tout ce qu’ils peuvent faire (gratuitement ou presque), ce sont des discours… que sème le vent.

Palestiniens de Palestine et de la diaspora, si vous voulez sauvez votre vie, comptez sur vous-mêmes. Demandez l’aide morale et matérielle de ceux qui vous aiment vraiment – pas de ceux qui vous utilisent pour réaliser leur propre dessein géopolitique. Ne négligez surtout pas le soutien des Juifs non sionistes qui ne désirent, comme vous, que la paix et la concorde dans le «vivre ensemble». Ils sont aujourd’hui minoritaires, mais leur combat contre l’extrême droite israélienne est aussi le vôtre. Et il a l’avenir devant lui pour se renforcer.

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