‘‘Garde à vue’’ : coupable idéal et attachant suspect

Hier soir, Vendredi 17 novembre 2023, France 5 a diffusé ‘‘Garde à vue’’  (1981). C’est un huis clos qui est un chef-d’œuvre en son genre. C’est l’un des plus beaux scénarios du cinéma français, mené de main de maître par un Claude Miller au sommet de son art.

Par Mohamed Sadok Lejri *

C’est, en réalité, une adaptation d’un roman policier (‘‘A table !’’) de John Wainwright, un écrivain britannique plus connu sous le nom de Jack Ripley. Claude Miller et Jean Herman se sont chargés de son adaptation au cinéma et les dialogues sont signés Michel Audiard. L’on ne peut évoquer ‘‘Garde à vue’’  sans s’attarder sur l’écriture des dialogues qui sont le point central du film.

L’histoire se déroule durant la Saint-Sylvestre. Les corps de deux filles sont retrouvés au milieu des dunes dans la région de Cherbourg. L’inspecteur Antoine Gallien (Lino Ventura) et son adjoint Marcel Belmont (Guy Marchand) assurent le service de garde au commissariat et doivent découvrir l’identité de l’assassin. Ils reçoivent Maître Martinaud (Michel Serrault), un notable local à l’esprit vif, qui a le sens de la répartie et le verbe haut. De sérieux soupçons pèsent sur lui.

Le policier cerne sa proie

S’engage alors un duel entre l’inspecteur Gallien et le notaire Martinaud. Les deux hommes se répondent coup pour coup. Le policier cerne sa proie avec une logique implacable et souhaite boucler l’enquête. Martinaud se dégage, à chaque fois, de sa prise avec beaucoup d’adresse et en avançant de solides arguments de défense. Le policier est tourmenté. Tantôt il voit en Martinaud le coupable, tantôt les soupons portés sur lui s’évanouissent.

‘‘Garde à vue’’  nous immerge dans un huis clos pour une expérience cinématographique très particulière. Les personnages sont tellement bien travaillés que l’on entre dans leur intimité et l’on finit par développer pour l’un comme pour l’autre un sentiment ambivalent. On doute de la culpabilité de l’accusé et, en même temps, intelligent comme il est et eu égard à sa vie conjugale compliquée, on refuse de lui faire entièrement confiance.

Un suspect odieux et attachant

Martinaud est odieux et attachant à la fois. Il traite tout le monde avec condescendance et excite notre sympathie lorsqu’il se fait violenter par Belmont, l’adjoint de l’inspecteur, en l’absence de ce dernier. Quant à Antoine Gallien, il soumet l’accusé à une forme de torture psychologique. Le policier se montre prudent, il est plutôt humain, et, en même temps, il tient absolument à découvrir le fin mot de cette affaire sordide, quitte à forcer un peu l’interprétation de certaines hypothèses. On ne sait pas qui croire.

Bref, un film qui offre un des plus beaux scénarios du cinéma français et mené de main de maître par un Claude Miller au sommet de son art. A voir absolument !

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