Le blindé israélien et le sourire palestinien

Pour le malheur des geôliers israéliens, l’une des prisonnières palestiniennes libérées, une jeune fille emprisonnée à l’âge de 16 ans, s’appelle Marah, c’est-à-dire joie extrême en arabe. Et elle sourit devant les caméras de télévision enfreignant les instructions de ses geôliers qui ont menacé tout prisonnier libéré d’amende en cas de manifestation de joie.

Par Raouf Laroussi *

Il est interdit de sourire. Israël se défend. Ce sont des avions ultra modernes portant dans leurs entrailles des bombes intelligentes venues tout droit des usines d’armement des Etats-Unis d’Amérique. La cible? Les corps frêles des bébés et des enfants qui croient naïvement pouvoir échapper à la mort dans les bras de leurs mamans. Et boom. Tout part en éclats. Ces âmes pures vont vers le ciel et aux survivants d’aller gratter les décombres pour essayer d’y arracher des corps mutilés, des corps déchiquetés.

Le «monde libre» porteur des valeurs de démocratie et des droits de l’homme regarde. Tout le monde regarde.  Mais chut ! «La seule démocratie de la région» a le droit de se défendre.

Les blindés sont à Gaza. En face ce ne sont pas des blindés. En face c’est un hôpital ! Un hôpital que les avions ultra modernes ont généreusement arrosé de bombes intelligentes. En face, ce ne sont pas des soldats. Ce sont les corps souffrants et sans soins de malades affamés. Mais chut ! «La seule démocratie de la région» a le droit de se défendre. Chut ! Certains régimes très démocratiques infligent même une amende à qui ose manifester son dégoût de ce massacre et brandir le drapeau d’un peuple qui subit un génocide. «Israël se défend dans le respect du droit international». C’est ce qu’ose la rhétorique de la «seule démocratie de la région». Et du bout des lèvres, les diplomaties du «monde libre» reprennent les mêmes mots pour exhorter leurs amis à se défendre dans le respect du droit international. Quelle leçon du respect du droit international ! Bombarder des hôpitaux. Bombarder des écoles. Affamer des millions d’êtres humains. Quoi de plus humain ? Peut-on faire mieux pour respecter le droit international ?

Ouf !

Mais, quelques otages israéliens sont à libérer. Cet argument est plus fort que le droit international. Une pause dans le génocide s’impose. Un accord d’échange de prisonniers Palestiniens contre ces otages est conclu.

Tout surpris d’être soudain libérés, des enfants et des femmes palestiniens coupés du monde durant leur incarcération, découvrent soudain le séisme qui a ébranlé Gaza. Ils découvrent que des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont payé de leur vie le prix de leur libération. Et ils comprennent pourquoi le service de renseignement de «la seule démocratie de la région» leur a demandé de ne pas sourire à leur sortie de prison. De ne pas célébrer leur liberté reconquise. Leur sourire signe la défaite du blindé. Leur joie est une insulte aux bombes intelligentes.

Pour le malheur des geôliers de tout un peuple, l’une des prisonnières libérées, Marah Baker, une jeune fille emprisonnée à l’âge de 16 ans, porte la joie en son nom même. Elle s’appelle Marah, c’est à dire joie extrême en arabe. Et elle sourit devant les caméras de télévision enfreignant les instructions de ses geôliers qui ont menacé tout prisonnier libéré d’amende en cas de manifestation de joie. Elle sourit, elle réitère sa détermination à résister à l’occupation et elle exprime sa reconnaissance à ceux qui se sont sacrifiés pour la défense de la patrie.

Les sionistes n’ont pas compris que le peuple palestinien est un peuple qui tient à sa terre, qui aime la vie et qui ne porte pas la haine en lui. Le poète Palestinien Mahmoud Darwich n’a-t-il pas brisé la barrière des religions pour célébrer sa passion pour Rita, tout en s’indignant de cette arme qui s’interpose entre son regard et le visage de sa dulcinée … «Beyna Rita wa ouyouni boudouqiya … Et celui qui connaît Rita … s’incline et prie un Dieu qui habite les yeux de Rita…»

L’amour vaincra. La paix vaincra. La Palestine vaincra !

* Universitaire.

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