Le changement climatique pourrait faire perdre à la Tunisie 1,8 milliard de dollars par an

La pénurie d’eau, l’érosion côtière et la multiplication des inondations figurent parmi les défis climatiques les plus pressants en Tunisie, selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale, qui propose une série de mesures urgentes d’adaptation et de décarbonation qui contribueraient à stimuler la reprise économique et à créer des emplois dans le pays.

Le Rapport national sur le climat et le développement en Tunisie, publié le 29 novembre 2029 par le Groupe de la Banque mondiale en prélude à la COP28, décrit des mesures publiques et des possibilités d’investissement susceptibles de réduire les effets du changement climatique sur les populations et les entreprises et d’améliorer la compétitivité de l’économie tunisienne.

D’après le rapport, des mesures combinées d’adaptation et d’atténuation pour faire face au changement climatique et décarboner le secteur de l’électricité pourraient faire grimper la croissance du PIB à 8,8 % d’ici 2030, réduire la pauvreté et diminuer les émissions liées à l’énergie. En revanche, l’inaction pourrait provoquer des pertes de PIB allant jusqu’à 3,4% d’ici 2030, entraînant des pertes annuelles qui devraient se chiffrer à environ 5,6 milliards de dinars (1,8 milliard de dollars).

«Le CCDR (Country Climate and Development Reports) de la Tunisie, aligné sur la Stratégie nationale de transition écologique et le Plan de développement 2023-2025, met en évidence le soutien constant de la Banque mondiale, partenaire indéfectible de la Tunisie sur la voie d’un avenir plus durable», a déclaré Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb. «L’adaptation au changement climatique et la promotion d’une économie verte représentent une opportunité unique pour la croissance, la résilience et le développement durable du pays», a-t-il ajouté. 

La Tunisie est confrontée à un grand défi de pénurie d’eau, qui compromet la production agricole, car la faiblesse et la variabilité des précipitations mettent à nu les carences d’un secteur qui a besoin de réformes pour s’adapter au changement climatique.

En outre, les pertes en eau enregistrées par la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) sont passées de 25% en 2010 à 34% en 2021. 

Le rapport souligne en outre que l’élévation du niveau de la mer pourrait toucher près d’un quart de la zone côtière tunisienne d’ici 2050, entraînant potentiellement une perte totale de terres d’une valeur de 1,6 milliard de dollars.

La probabilité d’inondations catastrophiques devrait presque décupler, et les coûts de remise en état des actifs routiers à eux seuls après ces inondations pourraient atteindre 277 millions de dollars d’ici 2050. Non seulement ces risques mettent en péril les moyens de subsistance des personnes vivant sur la côte et dans les zones inondables, mais ils compromettent aussi sur le plan international la réputation du pays qui est une destination touristique prisée.

Le rapport préconise la mise en place de mesures stratégiques visant à remédier à la pénurie d’eau. Ces mesures incluent notamment la rationalisation de la demande en eau, le renforcement des réseaux hydrauliques pour réduire les pertes et le gaspillage, ainsi que la protection des écosystèmes, en particulier les bassins versants, les oasis, les forêts et les zones humides afin d’accroître la disponibilité de l’eau et la résilience aux chocs climatiques.

La décarbonisation du secteur de l’énergie, par l’amélioration de l’efficacité énergétique et la transition vers des combustibles verts dans les secteurs d’utilisation finale et de production d’électricité, offre également des possibilités importantes.

L’énergie représentait 53 % du déficit commercial du pays et 58 % de ses émissions de gaz à effet de serre en 2022, ce qui démontre les liens complexes entre l’énergie et le cadre macro-budgétaire. Selon le rapport, la décarbonisation du secteur de l’énergie générerait des gains économiques considérables en aidant la Tunisie à remédier à son déséquilibre extérieur et en diminuant les coûts de l’énergie, améliorant ainsi l’accessibilité financière pour les ménages et la compétitivité des entreprises, tout en réduisant les émissions. 

«Le CCDR de la Tunisie démontre l’importance de la collaboration entre les secteurs public et privé lorsqu’il s’agit de relever des défis majeurs tels que le changement climatique», a déclaré Cheick-Oumar Sylla, directeur régional de l’IFC pour l’Afrique du Nord et la Corne de l’Afrique. «En s’appuyant sur notre partenariat avec la Tunisie dans le secteur des énergies renouvelables, l’IFC s’engage à soutenir le pays à s’adapter et à atténuer les effets d’un climat changeant, tout en réalisant une croissance durable», a-t-il ajouté.

Compte tenu des difficultés macroéconomiques actuelles de la Tunisie, le rapport souligne l’importance de créer les conditions macro-financières propices aux investissements devant permettre d’atteindre ces objectifs.

À cet effet, les dépenses publiques récurrentes pourraient être réorientées vers les investissements publics les plus urgents dans le domaine de l’adaptation. Il est également essentiel de faciliter les investissements du secteur privé dans les activités vertes, par exemple en éliminant les autorisations et les contraintes sectorielles, en simplifiant les procédures d’approbation des investissements et en réduisant le pouvoir réglementaire des opérateurs sectoriels en activité.

Les nombreuses concertations avec les autorités publiques et les acteurs du secteur privé et de la société civile ont été déterminantes dans l’élaboration du CCDR de la Tunisie.

Communiqué.  

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