Alors que les bombardements israéliens continuent de faire des morts, des blessés et des destructions dans la bande de Gaza, la déclaration du chef du Pentagone, Lloyd Austin, samedi 2 décembre 2023, affirmant qu’«on ne peut gagner une guerre urbaine que si l’on protège les civils», sonne comme un vœu pieux qui n’engage que ceux qui lui font crédit. (Lloyd Austin, lors de sa visite en Israël le 12 avril 2021, en conférence de presse avec Benyamin Netanyahou).
Par Khémaïs Gharbi *
En premier lieu, Austin insiste sur le devoir moral et l’impératif stratégique de protéger les civils à Gaza. Cette responsabilité éthique représente un pilier fondamental dans la recherche d’une solution pacifique. Mais de son point de vue, il s’agit moins de responsabilité éthique que de stratégie militaire : «Dans ce type de combat, le centre de gravité c’est la population civile. Et si vous la poussez dans les bras de l’ennemi, vous remplacez une victoire tactique par une défaite stratégique», a-t-il expliqué, en rappelant que le Hamas est «profondément implanté dans les zones urbaines».
En second lieu, l’émergence de la vision d’une solution à deux États, dont les Etats-Unis ont cessé de parler depuis longtemps, se profile comme l’unique voie viable pour résoudre le complexe conflit israélo-palestinien. Cette perspective souligne l’impératif d’une cohabitation mutuellement acceptable entre Israéliens et Palestiniens, partageant cette terre qu’ils considèrent tous deux comme leur foyer.
Joindre les actes aux paroles
Cette solution a été acceptée de longue date par les Palestiniens et les Arabes, mais elle est toujours rejetée par Israël qui poursuit la colonisation de ce qui reste du territoire de la Palestine historique. Et cela, la communauté internationale, Etats-Unis en tête, ne le savent que trop. Ce qui souligne la persistance de la disjonction entre les déclarations et les actions des responsables américains, créant un hiatus significatif.
Les États-Unis doivent démontrer leur sérieux dans la quête de cette solution à deux Etats. Même si les négociations ne peuvent débuter qu’après la fin des hostilités ou, au moins, un cessez-le-feu, un geste concret préalable est attendu.
Un exemple serait de rejoindre les 168 pays qui ont voté en faveur du droit à l’autodétermination du peuple palestinien le 10 novembre 2023 à l’Assemblée générale des Nations Unies.
Il devient impératif désormais de transcender les déclarations, souvent éphémères, en faveur d’actions tangibles et de preuves concrètes d’engagement envers la réalisation d’une paix durable. Il est tout aussi crucial de prendre conscience de l’urgence de la situation actuelle, susceptible de dégénérer en une guerre régionale.
Perte de crédibilité et d’influence
Chaque jour qui passe entraîne des centaines de morts, des blessés, des destructions massives et des pertes de vies humaines des deux côtés. Cela impacte également la confiance et la crédibilité des États-Unis, ou ce qui en reste, diminuant leur influence au Moyen-Orient.
Il est grand temps de joindre les actes aux paroles. La situation l’exige, la morale l’impose et la sécurité du monde le rend urgentissime.
* Interprète et écrivain.
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