L’aquaculture en Tunisie doit optimiser l’alimentation pour poissons

Une analyse de la chaîne de valeur de l’aquaculture en Tunisie a mis en évidence la nécessité d’améliorer les performances de cette filière et d’optimiser la gestion de l’alimentation pour poissons.

Ces analyses, réalisées dans le cadre d’un projet pilote à Monastir dans le cadre de la deuxième phase de l’initiative SwitchMed en Tunisie, ont révélé une utilisation excessive des aliments pour poissons.

Les performances en aquaculture sont mesurées par une mesure connue sous le nom de «taux de conversion alimentaire», qui varie entre 1,9 kg et 2,5 kg, alors que la référence internationale est de 1,6 kg.

«Dans ce projet, nous avons utilisé diverses technologies pour assurer une bonne répartition de la nourriture dans les cages, réduire la mortalité des poissons et augmenter leur croissance», a expliqué Benoit Wuatelet, chef d’équipe de l’économie bleue à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi), lors d’un atelier sur le thème «Innovation et circularité dans l’aquaculture tunisienne», mardi 5 décembre 2023.

Ces technologies font principalement appel à l’intelligence artificielle, utilisant l’analyse d’images pour identifier la taille des poissons et mesurer avec précision les quantités de nourriture, et à la communication à distance via des antennes 4G.

Le projet pilote, qui s’achève en juin 2024 et a été réalisé en collaboration avec le secteur privé, a démontré la contribution des technologies innovantes et intelligentes à l’amélioration des performances économiques du secteur aquacole, a souligné Mohamed Salah Azaza, directeur de l’Institut national de recherche et technologies de la mer (INSTM). Selon lui, ces technologies peuvent contribuer à réduire le taux de conversion alimentaire (utilisation et gestion alimentaire), qui représente 60% des coûts de production aquacole en Tunisie.

L’objectif est également de réduire considérablement l’impact environnemental, d’augmenter la compétitivité des entreprises et de changer la perception des consommateurs, des organisations environnementales et de la société civile concernant l’image du secteur aquacole dans le pays.

En Tunisie, une trentaine d’entreprises sont actives dans l’aquaculture, dont 20 spécialisées dans la pisciculture marine. Les exportations de produits aquacoles représentent entre 10 et 15% de la production nationale, pour atteindre 21 000 tonnes en 2022. L’objectif est de porter la production à 56 000 tonnes d’ici 2030, en ciblant l’Union européenne (UE), les pays du Golfe et le Canada.

Esma Bounouh, responsable du Programme d’appui au développement durable de l’agriculture et de la pêche artisanale en Tunisie (Adapt) à l’Agence italienne de coopération au développement (AICS), a évoqué une ligne de crédit de 57 millions d’euros gérée par la Banque centrale de Tunisie (BCT) et des institutions financières dans le cadre d’un Programme d’appui au secteur privé et à l’inclusion financière dans l’agriculture et l’économie sociale (Prasoc).

Près de 119 millions de dinars (MDT) ont déjà été décaissés, finançant 280 projets dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture et créant 4 000 emplois.

Des incitations fiscales et financières sous forme de subventions (allant de 15 à 50% des coûts d’investissement) sont également prévues. Leur valeur annuelle est estimée à 20 MDT en moyenne, selon le directeur central de l’incitation aux investissements à l’Agence de promotion des investissements agricoles (Apia).

Le programme Switch Med en Tunisie se concentre sur deux secteurs : le textile et l’économie bleue, selon le représentant de l’Onudi en Tunisie, Lassaad Ben Hassine. Pour le textile et l’habillement, l’objectif est de soutenir le secteur privé en favorisant l’économie circulaire, tandis que pour l’économie bleue, l’objectif est d’accroître la durabilité de la chaîne de valeur des produits de la mer en Tunisie.

La production aquacole est passée de 3 000 tonnes en 2006 à 21 000 tonnes en 2022, représentant entre 3% et 13% de la production halieutique nationale. En termes de valeur, la production passera de 41 MDT en 2006 à 329 MDT en 2022, grâce à la mise en œuvre de projets de pisciculture en cage offshore.

Une douzaine d’entreprises tunisiennes et étrangères du Danemark, de Norvège, de Grèce, de Malte, de France et d’Espagne rencontreront une quinzaine d’aquaculteurs pour échanger des solutions innovantes dans le domaine de l’aquaculture, a annoncé Antonino Trimarchi, coordinateur du programme SwitchMed/Onudi pour la Tunisie et le Maroc.

SwitchMed est un programme lancé par l’Union européenne (UE) dans huit pays méditerranéens, dont la Tunisie, pour stimuler la création de nouvelles opportunités commerciales et d’emplois tout en réduisant l’impact environnemental des activités économiques existantes dans le sud de la Méditerranée.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.