Tunisie : Kaïs Saïed poursuit sa guéguerre contre la corruption (vidéo)

Le président Kaïs Saïed poursuit sa campagne contre la corruption, dont il semble vouloir faire son cheval de bataille pour la présidentielle de 2024, en s’attaquant cette fois à une nouvelle institution publique à la Fondation Al Karama Holding. Vidéo.

En recevant la ministre de la Justice, Leila Jaffel, jeudi 7 décembre 2023, le chef de l’Etat a évoqué, en effet, les questions liées aux violations enregistrées dans cette fondation, relevant du ministère des Finances, et qui gère plus de 50 sociétés confisqués à l’ancien clan au pouvoir avant 2011, à travers des participations directes et indirectes, ainsi qu’au financement extérieur des associations et au problèmes posés par le processus de réconciliation pénale qu’il avait lui-même lancé il y a un an.

Selon la vidéo de l’entretien publiée par la présidence de la république, le président Saïed a évoqué les malversations financières imputées aux personnes ayant dirigé cette institution, affirmant dans ce contexte que les salaires perçus par ces derniers étaient exorbitants et non justifiés. «C’est l’argent du peuple», a-t-il lancé, en citant des chiffres en millions et en milliards, ajoutant qu’une information judiciaire a été ouverte à cet effet concernant les privilèges accordés à ces personnes, qui auraient été, selon lui, au service des «lobbies qui rongent le pays», en leur cédant des entreprises à des montants très-en-deçà de leur valeur réelle.

Pour donner une idée de «l’ampleur des abus et de la corruption au sein d’Al-Karama Holding», le président a indiqué que l’un de ses dirigeants disposait de 5 voitures et bénéficiait de 1.500 litres de carburant chaque mois… «Un juge contractuel désigné était payé 462 000 dinars par an», a-t-il ajouté.

Le président a appelé le pouvoir judiciaire à «jouer son rôle en débarrassant le pays des fraudeurs, des criminels et des organisations qui reçoivent des financements de l’étranger au nom de la société civile et sont des succursales des partis et même des services étrangers».

Le président a rappelé l’existence d’un projet d’amendement du décret de 2011 réglementant le travail des associations. «Le but nest pas de restreindre lactivité de ces associations», a-t-il lancé, en réponse aux critiques exprimées au sujet de ce projet de loi par plusieurs organisations.

A l’appui de ses propos, le président Saïed a évoqué le cas d’une organisation qu’il n’a pas nommée, affirmant qu’entre 2016 et 2023, elle a reçu un financement de l’étranger d’un montant global de 7 millions de dinars, soit 1 million de dinars par an.

Il faut mettre fin à cette situation et le pouvoir judiciaire doit s’engager dans cette «guerre acharnée contre la corruption», a-t-il lancé, surtout que les institutions mises en place pour lutter contre la corruption n’ont pas joué leur rôle, dans une limpide allusion à l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), dont il avait gelé les activités en décembre 2021.

Concernant la conciliation pénale, processus dont il semble avoir constaté l’échec un an après sa mise en route, le président Saïed a indiqué que le texte juridique le réglementant sera amendé, ajoutant qu’«une véritable réconciliation pénale sera conclue pour que l’argent revienne au peuple, aux pauvres et aux misérables», selon ses termes, laissant ainsi entendre que la mission de la Commission nationale de réconciliation pénale (CNRP), qui s’est légalement achevée le 11 novembre dernier, sera prolongée.

I. B.

Vidéo.

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