Tunisie : Kaïs Saïed jette une nouvelle pierre dans le jardin de la justice

Le président Kaïs Saïed déplore, pour la énième fois, la lenteur des procédures judiciaires en Tunisie qui font éterniser les procès, alors que les prisons sont pleines de prisonniers en détention provisoire.

Ce sujet a été au centre d’une réunion entre le président de la république et la ministre de la Justice Leila Jaffel au Palais de Carthage lundi 11 décembre 2023. Saïed a souligné «la nécessité d’une décision finale, dans un délai raisonnable, sur diverses affaires qui traînent depuis plus d’une décennie, pour des prétextes invraisemblables», selon un communiqué de la présidence, qui cite les cas des «procès relatifs aux assassinats des dirigeants de gauche Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, ainsi que d’autres liés à l’assassinat de plusieurs de nos valeureux soldats en juillet 2013 et à divers crimes qui n’ont pas encore atteint le stade de l’appel».

«Le peuple tunisien a le droit de connaître la vérité et c’est son droit de demander des comptes à quiconque a commis des crimes contre lui, que ce soit avant ou après le 17 décembre 2010», a insisté le chef de l’Etat, laissant ainsi entendre que les magistrats font durer délibérément les procès pour d’inavouables raisons.

L’entretien a également porté sur le projet de loi modifiant l’article 411 du Code de commerce. Il a également examiné la révision du décret sur la réconciliation pénale dans les plus brefs délais, puisque le but de ce processus est de récupérer l’argent spolié au peuple. «Toute personne impliquée dans une telle réconciliation sera libre de reprendre ses activités dans le cadre de la loi», précise le même communiqué.

Commentant ces informations, de mauvaises langues affirment que le président maintient la pression sur les juges, dont il ne reconnaît pas l’indépendance et considère comme des fonctionnaires au service du pouvoir exécutif. Ils disent aussi que le président se répète, tourne en rond et fait du surplace, montrant son incapacité à faire avancer les choses dans le pays, puisqu’il continue de stigmatiser tous les acteurs publics : opposants politiques, militants de la société civile, journalistes, juges, responsables de l’administration, sans parvenir à assainir les secteurs ciblés par ses critiques, alors que la situation générale dans le pays continue de se détériorer sur tous les plans.

I. B.

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