La FIJ exprime ses craintes pour la liberté de la presse en Tunisie

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a envoyé une lettre ouverte au président de la république Kaïs Saïed, lui demandant de faire respecter la Constitution, de protéger la liberté de la presse et de veiller à la libération immédiate de Zied El-Heni et des autres journalistes derrière les barreaux. (Ph. Fethi Belaïd / AFP).

La FIJ a en outre exprimé sa plus profonde préoccupation face à l’emprisonnement fréquent de journalistes, en totale violation des dispositions de la Constitution tunisienne concernant la liberté d’expression et des médias. «Nous sommes conscients que la Tunisie célèbre actuellement l’anniversaire de la révolution du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011, lorsque les Tunisiens se sont soulevés contre la corruption et la tyrannie», lit-on dans la lettre de la FIJ. Qui ajoute : «L’arrestation du journaliste Zied El-Heni et son incarcération en attendant son procès ont fondamentalement porté atteinte aux garanties prévues par la constitution tunisienne, les lois et les accords internationaux que le pays a signés dans le cadre de la protection des journalistes des violations flagrantes de la loi et de la procédure qui pourraient l’exposer à une peine de deux ans de prison ferme».

Instrumentalisation du système judiciaire

La fédération a en outre indiqué que plus de 30 journalistes ont été arrêtés rien qu’au cours de l’année 2023, en utilisant les dispositions du décret 54 du Code des télécommunications et de la loi relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. «Le cas de Zied El-Heni n’est pas un cas isolé, mais il indique clairement l’existence d’une politique systématique d’instrumentalisation des procédures judiciaires et du système judiciaire pour intimider, brutaliser et emprisonner systématiquement les journalistes», indique encore la FIJ.

«Cette situation est arbitraire, illégale et inconstitutionnelle et menace de transformer la Tunisie, modèle arabe et international de protection des libertés dans la pratique et dans la législation, en une grande prison pour les journalistes», avertit l’organisation.

L’injustice infligée à notre collègue Zied El Heni s’ajoute aux violations encore plus graves infligées à notre collègue Khelifa El-Guesmi, qui a été condamné à la peine la plus lourde de l’histoire du journalisme dans le pays : cinq ans de prison pour avoir diffusé des informations obtenues d’une source officielle de sécurité, a aussi déclaré la FIJ.

Abus de pouvoir et violation des procédures

La détention injuste et arbitraire de notre collègue Chadha Haj Mbarek, jugée depuis septembre 2021 pour complot présumé contre la sécurité intérieure de l’État, se poursuit malgré le fait que la loi tunisienne garantit son procès dans un état de liberté : «Il sagit clairement dun abus de pouvoir et dune violation des procédures. »

La FIJ a en outre indiqué que tous les cas mentionnés ci-dessus auront des répercussions négatives sur la liberté d’expression et la liberté de la presse en Tunisie, ainsi que sur le droit du public à l’information. Tous ces éléments portent atteinte aux règles et à l’éthique des journalistes professionnels, capables de faire leur travail sans être soumis à la domination de centres autoritaires d’influence politique et financière.

D’après Tap.  

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