‘‘Avant le Big Bang’’ : un point au temps imaginaire

Comment est né l’univers? Selon les théories scientifiques contemporaines, avec le Big Bang. Mais qu’y avait-il avant? En principe, le mur de Planck constitue la limite ultime infranchissable de toute réalité physique et cette question a donc représenté pendant longtemps un sujet tabou.

Par Dr Mounir Hanablia *

L’ouvrage des frères Bogdanov traite de ce qu’il y aurait eu au-delà de ce mur, avant 10 puissance (-) 43 secondes (dans le temps réel) qui est la naissance de l’espace temps constitutif de l’univers que nous connaissons, autrement dit quand cet état d’ordre (mathématique) parfait prédit par le second principe de la thermodynamique de Boltzmann a commencé à évoluer.

Et si l’univers physique actuel est régi par des lois mathématiques, rien n’interdit de penser que d’autres lois mathématiques aient précédé son apparition. Ainsi, un point virtuel impose une métrique (repères) particulière (théorie topographique des champs) à laquelle s’applique une Algèbre de Von Neumann. On peut dans ce contexte l’assimiler à une boule, et sous l’effet d’une fonction mathématique de Dirac qui au zéro associe l’infini, il subit un processus d’expansion (froide) dans le temps imaginaire, une éventualité également correcte dans le cadre mathématique considéré.

Ordre mathématique et expansion physique de l’univers

A partir d’une certaine étape d’expansion, plusieurs milliards de fois la «taille» initiale, mais plus petite que la taille critique de 10 puissance (-) 33 cm et avec l’éloignement du rebord de la sphère de son centre, l’axe de la droite du temps a commencé à fluctuer, c’est-à-dire à changer de direction pour devenir complexe, une éventualité liée à l’état d’équilibre thermique dit KMS qui présidait alors.

Lorsque le temps finit par devenir réel est apparue l’énergie phénoménale à l’origine des quarks et de l’expansion physique de l’univers que nous connaissons. En 3 minutes, tous les atomes de la matière ont été constitués.

Ainsi la création de l’univers réel que nous connaissons a-t-elle été un phénomène thermodynamique avec un rayonnement de corps noir, autrement dit dépendant uniquement de sa température.

Aujourd’hui le fond cosmique diffus et l’éloignement des galaxies les unes des autres constituent la preuve physique du Big Bang. Les différences de température minimes enregistrées dans le fond cosmique diffus, de l’ordre de (1/10 puissance 5) degrés et l’absence de répartition uniforme de la matière semblent un indice en faveur des fluctuations initiales de la flèche du temps.

Une réalité autrement insaisissable

Évidemment  plusieurs questions demeurent non résolues telles que l’origine de l’accélération de l’expansion de l’univers, la mystérieuse énergie noire, la brisure de symétrie (découplage des forces fondamentales et disparition de l’antimatière), l’absence de théorie unificatrice entre l’infiniment grand (relativité générale) et l’infiniment petit (mécanique quantique), une différence que l’expérience d’Aspect sur l’intrication quantique n’a fait que confirmer en démontrant qu’à l’échelle quantique probabiliste, les résultats sont paradoxalement prévisibles, alors que la vitesse de l’information dépasse de plusieurs millions de fois celle de la lumière.

Naturellement, la question principale demeure de savoir comment une information mathématique (expansion dans le temps imaginaire) a pu se transformer en énergie physique (Big Bang). Ceci peut évidemment donner lieu à des spéculations philosophiques ou métaphysiques, dont le Coran (création instantanée à partir de l’incréé) ou la Chandogya Upanishad hindoue (œuf primordial, être dual issu du non être) traduisent quelques exemples.

Néanmoins, selon les auteurs du livre, il semble bien que l’univers obéisse à un programme préexistant à sa naissance, une opinion qui leur a valu beaucoup de contestation dans le milieu des astrophysiciens auxquels, en tant que docteurs en mathématiques et en physique, ils font partie.

Ce programme est-il intrinsèque à une mathématique immuable constituant la réalité ultime de laquelle tout découle et dont le nombre π est un reflet? S’il est douteux qu’on le sache un jour, il n’en demeure pas moins que, la théorie des cordes et des brames étant mal maîtrisée et celles des multivers indémontrable, la recherche d’une théorie unificatrice de la relativité générale et de la physique quantique constitue actuellement la meilleure voie pour appréhender une réalité autrement insaisissable. 

Médecin de libre pratique.         

‘‘Avant le big bang’’, de Igor et Grishka Bogdanov, éd. Grasset, Paris, 17 mai 2006, 318 pages.

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