Tunisie : Taboubi appelle à assainir le climat social avant les élections

Plus de 2 500 membres du puissant syndicat tunisien UGTT ont manifesté hier, mercredi 1er mai 2024, dans le centre de Tunis, à l’occasion de la fête du travail, pour défendre «le dialogue social et les droits syndicaux».

«Travail, liberté, dignité nationale», scandaient les militants, d’abord rassemblés devant le siège historique de l’organisation, place Mohamed Ali, au centre-ville de Tunis, entièrement rénové, avant de défiler sur l’artère principale de la capitale, l’avenue Bourguiba.

Selon la police, il y en avait environ 2 500, au moins 3 500 selon les organisateurs, agitant des drapeaux tunisiens et palestiniens, et des pancartes pour exiger «le dialogue social et les droits syndicaux», «à travail égal salaire égal» ou dénoncer «les prix trop élevés» dans un pays où l’inflation annuelle atteint 8%.

«Le 1er mai est l’occasion de revendiquer le droit d’organisation, un plus grand pouvoir d’achat et les libertés qui sont bafouées aujourd’hui», a déclaré un manifestant.

Début mars, l’UGTT avait déjà rassemblé des milliers de personnes à Tunis pour protester contre la dégradation de la situation socio-économique, avec une croissance bloquée à 0,4% en 2023 et un taux de chômage à nouveau en hausse (16,4% fin mars).

Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a critiqué le gouvernement actuel pour son manque d’écoute et ses décisions unilatérales. «L’UGTT est une force et le refus de répondre aux revendications légitimes de ses travailleurs les poussera à agir», a-t-il déclaré, citant les appels à une augmentation du salaire minimum et des petites retraites.

Le syndicat, qui compte au moins 750 000 membres, a participé au «Dialogue national» en 2013/2014 pour stabiliser la jeune démocratie tunisienne, ce qui lui a valu, avec d’autres composantes de la société civile, le prix Nobel de la paix en 2015.

Taboubi a également critiqué les poursuites et la détention de plusieurs dirigeants syndicaux ces derniers mois et a appelé à un «assainissement du climat social» avant les élections présidentielles prévues cet automne, mais dont les dates n’ont pas encore fixées. «L’important n’est pas la date des élections, mais la création d’un climat favorable pour garantir une concurrence loyale», a aussi déclaré le dirigeant syndical, qui s’est beaucoup assagi depuis quelque temps, et dont les sorties publiques sont devenues rares.

I. B.

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