Les garde-côtes tunisiens intensifient leurs efforts d’interception de migrants

Au moins 23 migrants sont toujours portés disparus au large des côtes tunisiennes, deux semaines après le naufrage de leur bateau au début du mois, ont rapporté samedi 19 mai 2024 les garde-côtes tunisiens, alors que des manifestations contre la migration ont éclaté à Jebeniana, gouvernorat de Sfax, l’un des principaux points de départ des bateaux de migrants vers les côtes européennes.

Les tragédies impliquant des migrants se noyant en mer – fuyant souvent les conflits et les crises climatiques en Afrique subsaharienne, sont courantes en Méditerranée, le Forum tunisien pour les droits sociaux et économiques (FTDES) estimant que plus de 1 300 personnes ont péri dans des traversées ratées après avoir transité par la Tunisie au cours l’année dernière. De plus en plus de Tunisiens tentent de fuir les difficultés économiques de leur pays.

Le nombre global de ceux qui transitent par l’Afrique du Nord pourrait être considérablement plus élevé, mais la Tunisie est devenue un point de transit clé pour ceux qui recherchent une vie meilleure en Europe.

Flux migratoires et pressions européennes

Cela a incité l’Union européenne, et en particulier l’Italie et son gouvernement de droite de Giorgia Meloni, à faire davantage pour faire pression et aider la Tunisie à endiguer les flux migratoires.

En échange, la Tunisie recevra de généreuses aides alors que le président Kaïs Saïed est aux prises avec une multitude de défis économiques, notamment une inflation élevée de plus de 7% et une dette nationale élevée.

Les garde-côtes tunisiens affirment avoir intensifié leurs efforts pour arrêter les traversées de la Méditerranée et pour sauver les passagers des navires en détresse, qui ne sont souvent pas en état de naviguer et sont dangereusement surchargés de passagers.

La semaine dernière, les autorités ont signalé une augmentation de 22,5% du nombre d’interceptions de migrants, avec plus de 21 000 personnes empêchées de quitter la Tunisie ou sauvées au cours des quatre premiers mois de 2024.

Selon la Garde nationale, 21 545 personnes ont été interceptées entre le 1er janvier et le 30 avril, contre 17 576 pour la même période l’an dernier.

Depuis le 1er janvier, les corps de 291 naufragés ont été retrouvés contre 572 l’an dernier, soit un nombre presque triple d’opérations (1 967 cette année contre 686 en 2023).

L’année dernière, les Tunisiens représentaient le deuxième plus grand nombre d’arrivées de migrants irréguliers en Italie, avec 17 304 personnes, juste derrière les Guinéens avec 18 204, selon les chiffres du gouvernement italien.

La colère anti-migrants monte

La crise a également attisé les sentiments nationalistes et de droite dans le pays. Les Tunisiens ont défilé samedi dans les rues de Jebeniana pour protester contre la présence de migrants subsahariens bloqués alors que le pays intensifie ses efforts de patrouille aux frontières.

La colère anti-migrants monte dans les villes pauvres comme Jebeniana, le long de la côte tunisienne, qui sont devenues une rampe de lancement pour des milliers de personnes espérant atteindre l’Europe par bateau.

Scandant des slogans contre l’installation de migrants en Tunisie, les manifestants ont exigé que le gouvernement agisse pour aider les communautés agricoles confrontées à des milliers de migrants vivant dans des campements de bâches au milieu de leurs oliveraies.

«Vous les avez amenés ici et il est de votre responsabilité de les renvoyer dans leur pays d’origine», a déclaré Moamen Salemi, un retraité de 63 ans originaire d’El-Amra, village proche de Jebeniana, lors de la manifestation. «Il y a une pénurie de nourriture dans toute la ville d’El-Amra, notamment du sucre, de la farine, du pain et de nombreux autres produits», a-t-il aussi déploré, imputant ces pénuries aux migrants vivant dans la zone.

Les forces de l’ordre ont étendu leur présence dans les deux villes agricoles, où vivent environ 83 000 Tunisiens parmi un nombre croissant de migrants venus du monde entier.

Traduit de l’anglais.

Source : The National.