Bassem Ennaifer : «Les risques inflationnistes restent élevés en Tunisie»

L’analyste financier Bassem Ennaifer écarte la possibilité que la Banque centrale de Tunisie (BCT) puisse abaisser son taux d’intérêt directeur en dessous du niveau de 8%, comme l’a récemment fait la Banque centrale européenne (BCE) afin de relancer l’investissement

La BCE a en effet abaissé, jeudi 6 juin 2024, ses trois principaux indices de référence de 25 points de base, à 2,6% pour la première fois depuis 2019. 

«Sur la base d’une évaluation actualisée des perspectives d’inflation, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire, il est désormais approprié de modérer le degré de restriction de la politique monétaire après neuf mois de maintien de taux stables», a déclaré la BCE dans un communiqué.

En Tunisie, le taux d’intérêt est actuellement de 7,75%, à comparer avec le taux d’inflation resté stable à 7,2% en mai 2024.

Bassem Ennaifer a expliqué, dans une déclaration à l’agence Tap, que la Tunisie ne peut actuellement pas abaisser les taux d’intérêt comme l’a fait la BCE, pour plusieurs facteurs, dont le plus important est que la partie européenne a beaucoup travaillé sur ce problème, après que le taux d’inflation dans la zone euro ait atteint, en octobre 2022, un niveau record de 10,6% avant de baisser à 2,6% en mai dernier, contre 2,4 % en mars et avril, selon les dernières données d’Eurostat.

Il a ajouté que le taux d’inflation en Tunisie a atteint 9,2% en octobre 2022, retombant à 7,2% actuellement en mai 2024, alors que l’inflation implicite (ou point-mort d’inflation) dans notre pays est toujours élevée, atteignant 7,4% en octobre 2022, retombant au niveau de 6,8 % aujourd’hui.

L’analyste financier a estimé qu’il  n’y a pas, à l’heure actuelle, de grande marge de mouvement qui pourrait amener la BCT à réviser ses taux d’intérêt directeur, soulignant «l’importance de protéger le dinar tunisien», sachant que les réserves de change s’élèvent actuellement à 23 milliards de dinars, contre 15,6 milliards de dinars en novembre 2023, constituées pour l’essentiel des dépôts en devises fortes des résidents étrangers, a-t-il rappelé.

 «Si le taux d’intérêt directeur est abaissé, le rendement des dépôts des non-résidents baissera, ce qui incitera ces derniers à retirer leurs dépôts», a averti Bassam Ennaifer, soulignant, à cet égard, la nécessité de préserver le niveau d’équilibre des dépôts en devises fortes.

D’autre part, l’analyste financier a laissé entendre que «le taux d’intérêt directeur restera élevé en raison de la forte demande du dinar tunisien par l’Etat à travers l’émission des bons du Trésor à court terme pour financer les dépenses de l’État. Ce qui signifie que les risques inflationnistes sont actuellement encore élevés en Tunisie.

I. B.

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