Le poème du dimanche : ‘‘L’éternel printemps’’ de Klaus Rifbjerg

Klaus Rifbjerg, poète, romancier, dramaturge, scénariste, homme de radio, auteur lyrique, est l’une des voix majeures et représentatives de la littérature danoise contemporaine.

Né en 1931 à Copenhague, son œuvre mêle, innocence, pureté, pudeur et critiques et provocations sociales. Elle est couronnée de nombreuses distinctions nordiques importantes Il décède en 2015.

Ouvrages en français: Poèmes, Seghers, 1980; L’innocence chronique, roman, Ed. Stock, 1969.

Tahar Bekri

Tu dois bien te rappeler ces soirs

qui jamais ne pouvaient s’achever

Un printemps infini derrière les vitres

tandis que nous apprenions à nous connaître.

Nous étions si jeunes, nous parlions ardemment

de choses obscures et qui brûlent.

Tout cela d’une banalité estivale tellement exaltante

et si désespérément pur.

Et les pigeons nous voyaient, têtes rapprochées,

promettre de ne jamais trahir,

C’est ici que naissaient les oiseaux avec ailes et bec,

Ici que nous apprîmes à composer.

Bondis, toi l’été, avec tes chants d’oiseaux,

parle du cœur pur

si vaste et qui bat si farouchement

qu’il fait rimer cœur et douleur.

Nous l’osâmes en ces soirs d’autrefois passés chez toi

et le cœur ne s’arrêtera jamais

après ces nuits hantées de pigeons

où il apprit enfin à danser.

Traduit du danois par Régis Boyer (Poèmes, Ed. Seghers 1980).

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