Documentaire : ces voix de militantes algériennes effacées par le temps

Le quatrième jour du Festival de la Méditerranée en Images a été marqué par la projection du documentaire ‘‘Les mots qu’elles eurent un jour’’ du réalisateur Raphaël Pillosio. D’une durée de 85 minutes, ce film franco-algérien de 2024, voyage dans le silence de l’Histoire algéro-française, a profondément touché le public grâce à sa démarche singulière et percutante.

Djamal Guettala

En 1962, Yann Le Masson filme des militantes algériennes à leur sortie de la prison de Rennes en France. Ces femmes, emprisonnées pour leur engagement durant la guerre d’indépendance algérienne, furent toutes graciées en 1962. Cinquante ans plus tard, alors que la bande sonore de ces images a disparu, Raphaël Pillosio décide de partir à la recherche de ces femmes.

«Une enquête sur leur histoire silencieuse. Un essai sur le cinéma qui figure leur disparition, et pour toujours, les garde vivantes», indique Raphaël Pillosio.

Un échange riche avec le public

À travers ce vide sonore, le réalisateur interroge l’oubli et l’effacement de ces femmes dans l’Histoire. Il retrace le parcours de ces militantes, réduites au silence après leur combat et confinées à des rôles domestiques dans une société patriarcale, loin de l’émancipation qu’elles avaient espérée.

Après la projection, le réalisateur a répondu aux nombreuses questions du public. Interrogé sur la réception du film en Algérie, il a exprimé sa déception : «Malheureusement, j’avais souhaité présenter le film au Festival du film documentaire de Béjaïa, mais il n’a pas été autorisé à y participer.»

Cette déclaration a ouvert un débat sur la censure et l’importance de la diffusion de tels films dans les pays qu’ils documentent. Le public a ainsi pris conscience des obstacles à aborder certains sujets sensibles, même dans des cadres culturels.

Un hommage et une réflexion intemporelle

Avec ‘‘Les mots qu’elles eurent un jour’’, Pillosio ne se contente pas de relater un événement historique; il soulève des questions essentielles sur la place de la mémoire et du cinéma dans la construction de l’Histoire. Ce film redonne une voix à ces femmes effacées par le temps tout en évoquant les luttes féministes, toujours actuelles.

Une spectatrice a conclu l’échange avec ces mots : «Ce film nous invite à revisiter notre Histoire avec une écoute nouvelle, attentive aux silences autant qu’aux paroles.»

Grâce à cette projection, le Festival de la Méditerranée en Images confirme une fois de plus son rôle essentiel dans la diffusion de récits puissants, porteurs de sens et de mémoire.

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