La récente suggestion de Donald Trump concernant un éventuel transfert forcé de la population de Gaza vers des pays voisins suscite une vive inquiétude. Une telle proposition, si elle était mise en œuvre, constituerait une violation grave du droit international et un crime de guerre selon les conventions en vigueur. Cette politique ne serait pas seulement une atteinte aux droits fondamentaux des Palestiniens, mais elle remettrait également en cause les principes qui fondent l’ordre juridique international. Et ne c’est pas avec un pareil projet qu’il va se voir décerner le Prix Nobel que, dans sa mégalomanie, il semble briguer.
Khémaïs Gharbi *
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Les déplacements forcés de population en temps de guerre sont explicitement interdits par le droit international humanitaire. L’article 49 de la Quatrième Convention de Genève stipule clairement que : «Les transferts forcés, ainsi que les déportations de personnes protégées hors du territoire occupé […] sont interdits, quelle qu’en soit la motivation.»
De plus, l’article 147 de la même convention classe ces pratiques parmi les infractions graves relevant du crime de guerre.
Depuis 1948, les Palestiniens ont été victimes de plusieurs vagues de déplacements, dénoncées par de nombreuses organisations internationales. Le projet de relocalisation forcée des habitants de Gaza s’inscrit dans cette continuité et représente une violation manifeste du droit international.
Droit international et crimes contre l’humanité
Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) qualifie de crime contre l’humanité tout «déplacement forcé de population» lorsqu’il est commis dans un contexte de persécution ou de nettoyage ethnique. Une expulsion massive des Gazaouis vers des pays tiers, sans leur consentement, répondrait à cette définition et pourrait être poursuivie devant la CPI.
Le droit international ne protège pas seulement les populations en temps de paix, mais aussi en période de conflit. Ainsi, toute politique visant à modifier la démographie d’un territoire occupé est illégale, car elle détruit les liens culturels et historiques des populations concernées.
John Quigley, professeur émérite de droit international à l’Université de l’Ohio, rappelle que la majorité des habitants de Gaza sont des réfugiés de 1948 et que leur expulsion constituerait «une violation supplémentaire de leur droit au retour et une atteinte grave à leur statut juridique.» Il souligne que toute tentative de déplacement forcé perpétue une logique de discrimination et d’injustice à l’égard des Palestiniens.
Dans un contexte similaire, plusieurs résolutions de l’Onu ont réaffirmé le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et ont condamné les tentatives d’annexion et de déplacement forcé. Le Conseil de sécurité des Nations unies a notamment insisté sur la nécessité de respecter l’intégrité territoriale des peuples en conflit.
Rejet massif par la communauté internationale
L’idée d’un déplacement forcé de la population de Gaza a été largement rejetée par la communauté internationale. Des pays comme la Jordanie et l’Égypte, directement concernés, ont exprimé leur opposition catégorique, soulignant que cela ne ferait qu’aggraver la crise humanitaire et compromettre toute solution politique à long terme.
L’écrasante majorité des pays du monde, y compris ceux habituellement complaisants vis-à-vis d’Israël et peu sensibles aux souffrances des Palestiniens, ont fermement dénoncé le projet délirant du président américain.
De nombreuses organisations internationales, telles que Human Rights Watch et Amnesty International, ont également dénoncé ce projet, le qualifiant d’illégal et contraire aux principes fondamentaux du droit humanitaire.
Cette proposition de déportation ne concerne pas seulement la région du Proche-Orient. Elle soulève une question fondamentale : les grandes puissances respectent-elles réellement les normes qu’elles prétendent défendre?
Lorsque des États influents bafouent le droit international, ils affaiblissent les principes mêmes qui garantissent la paix et la justice. Un tel précédent ouvrirait la voie à d’autres violations et mettrait en péril la stabilité du système international.
Le respect des droits des Palestiniens ne doit pas être perçu comme un enjeu secondaire, mais comme un test de crédibilité pour la communauté internationale. Si les grandes puissances veulent être respectées en tant que leaders mondiaux, elles doivent incarner les principes qu’elles exigent des autres.
L’histoire a montré que l’impunité mène toujours à de nouvelles injustices. Il est donc impératif que les nations responsables agissent avec fermeté pour empêcher toute tentative de nettoyage ethnique et pour garantir la protection des droits fondamentaux des populations les plus vulnérables.
Ecrivain et traducteur.
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