Les sociétés cotées à la Bourse de Tunis ont résisté aux difficultés économiques, aux conséquences de la guerre russo-ukrainienne et aux défis climatiques, notamment une sécheresse prolongée ayant eu un impact négatif sur le secteur agricole.
C’est ce qu’a déclaré son directeur général, Bilel Sahnoun, dans une interview à l’agence Tap, publiée samedi 30 mars 2024, ajoutant que le Tunindex a bien résisté pour la troisième année consécutive par comparaison aux indices des marchés similaires.
L’activité boursière a été globalement positive, comme en témoigne la hausse du Tunindex de près de 7% en 2023, contre 15% en 2022 et 2% en 2021, a-t-il souligné.
Les résultats des sociétés cotées seront annoncés d’ici fin avril prochain, notamment après la publication des états financiers des sociétés cotées pour l’année 2023, a expliqué M. Sahnoun, en soulignant que les résultats publiés actuellement par la Bourse de Tunis montrent que le chiffre d’ affaires des sociétés cotées a augmenté de 7% par rapport à la même période en 2022, alors que les résultats du premier semestre 2023 font état d’une hausse des bénéfices de 4%.
La résilience du marché boursier est illustrée par les données du Tunindex et sera confirmée par les chiffres de ventes de 2023 et les résultats annuels des entreprises.
Le Tunindex reprend sa tendance haussière
L’indice de référence de la Bourse de Tunis (Tunindex) a rebondi ces dernières semaines et est en hausse de 2% depuis le début de l’année 2024, a également souligné Bilel Sahnoun, ajoutant que la plupart des indices boursiers mondiaux chutent au début de chaque année. Or, le Tunindex, qui avait débuté l’année sur une tendance baissière, a ensuite augmenté avec la publication des indicateurs financiers des sociétés cotées et la distribution de dividendes. Il a ensuite rebaissé avant de reprendre sa tendance haussière avec l’amélioration des portefeuilles des sociétés cotées et des banques, a-t-il ajouté.
Le Tunindex est actuellement sur une tendance haussière et ses pertes cumulées ont diminué depuis le début de l’année 2024, a souligné Sahnoun, estimant que cette performance pourrait s’améliorer, d’autant que les investisseurs attendent la publication des résultats financiers 2023 et la tenue des assemblées générales de distribution des bénéfices.
Quant à la possibilité que le Tunindex franchisse la barre des 9 000 points, Sahnoun a indiqué que l’indice pourrait atteindre ce niveau, mais que cela dépendrait de la situation économique et des performances des sociétés cotées.
Source majeure de financement de l’économie
Le marché financier constitue une source majeure de financement de l’économie nationale, en y contribuant à hauteur de 10%. Ce pourcentage s’élève à 30% dans des pays semblables à la Tunisie, ce qui témoigne de l’énorme potentiel non exploité du marché boursier dans ce domaine.
M. Sahnoun a aussi constaté que la contribution du marché financier a diminué ces dernières années, tandis que celle du secteur bancaire a atteint des niveaux records.
Le responsable a souligné la nécessité d’accorder davantage d’attention au marché boursier, étant donné que l’endettement du secteur bancaire a atteint son maximum, par rapport à une plus grande marge de manœuvre du marché boursier en termes d’augmentation des liquidités.
Il a souligné la nécessité de mutualiser les efforts des législateurs, du marché, des secteurs public et privé, des actionnaires et des épargnants pour dynamiser le marché boursier.
Il a également souligné que deux types de sociétés publiques cotées en bourse. Les premières, a-t-il expliqué, sont composées de celles considérées comme les meilleures en termes de gouvernance et de résultats obtenus, en citant les banques publiques, qui «constituent un exemple à suivre dans un secteur où la concurrence est féroce». Mais ce secteur est supervisé par la Banque centrale de Tunisie et doit se conformer aux normes et engagements exigés des banques privées, a-t-il ajouté.
Les deuxièmes sont celles qui publient tardivement leurs résultats financiers et ne sont pas compétitives, a indiqué M. Sahnoun, estimant que ces entreprises ont besoin d’être privatisées, avec une gouvernance efficace et une plus grande indépendance dans leurs transactions, notamment sur le marché financier.
Participation étrangère stable mais faible
Concernant la participation étrangère à la Bourse de Tunis (TSE), M. Sahnoun a déclaré qu’elle reste stable malgré sa faiblesse, ajoutant que le nouveau code des changes renforcera cette participation en lien avec la diversification des produits.
Cette participation a approché 21% en 2023, soit le même niveau qu’en 2022 (20%), a-t-il indiqué, ajoutant qu’elle est stable et stratégique et ne fluctue pas.
Dans le même contexte, M. Sahnoun a ajouté que les participations étrangères non stratégiques ne dépassent pas 1% de la capitalisation boursière, tout en soulignant le rôle du nouveau code des changes dans la promotion des investissements étrangers et l’importance de fournir des liquidités, qui constituent un indicateur positif sur les marchés financiers.
Sahnoun a souligné que le TSE a fourni les moyens nécessaires pour attirer les investisseurs, notamment étrangers, en réduisant le délai entre l’achat et la vente de trois à deux jours.
Cette mesure adoptée par le TSE, à l’instar d’autres bourses internationales, permet d’apporter du capital en contrepartie de la vente d’actions en bourse, a-t-il expliqué, rappelant que la liquidité du marché boursier était faible, notamment en termes de volume d’actions échangées, et que la capitalisation était inférieure à 18% du PIB, contre 50% dans d’autres pays.
Par ailleurs, Sahnoun a appelé à augmenter le nombre d’entreprises publiques et privées cotées en bourse, ainsi que la liste des investisseurs, à travers la promulgation de nouvelles lois.
En réponse à une question sur la législation nécessaire pour promouvoir le secteur boursier, M. Sahnoun a indiqué que l’accent devrait être mis sur la loi régissant le marché financier tunisien, qui date de 1994, d’autant plus que plusieurs évolutions ont été enregistrées, notamment dans le domaine du secteur et des produits financiers.
Développement de nouveaux produits et fonds
Il a révélé que la Bourse de Tunis travaille actuellement au développement de nouveaux produits liés au placement collectif en immobilier et aux fonds d’épargne destinés aux entreprises, comme les comptes d’épargne en actions d’entreprises.
Ces projets, une fois approuvés, auront un impact majeur sur le marché boursier et pour attirer des investisseurs et de nouvelles entreprises, compte tenu notamment du faible nombre d’introductions en bourse.
Par ailleurs, le marché boursier a montré sa résilience face à un certain nombre de défis endogènes et exogènes, envoyant un message rassurant aux entreprises des deux secteurs, ainsi qu’aux particuliers et aux investisseurs étrangers.
Le financement par la bourse peut être moins coûteux que par le biais des banques, qui pratiquent des taux d’intérêt élevés, a noté, à ce propos, M. Sahnoun, ajoutant que la Bourse de Tunis peut mobiliser des ressources pour financer des projets ou les activités opérationnelles des entreprises, soulignant que la Bourse de Tunis finance non seulement les grandes entreprises, mais aussi les PME et les particuliers.
«La Bourse de Tunis travaille au développement d’une gamme de produits et de fonds d’investissement moins risqués que les placements en actions et plus rentables que l’épargne traditionnelle», a conclu le responsable.
D’après Tap.
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