La Tunisie veut mettre fin à l’indépendance de la banque centrale

Les législateurs tunisiens préparent une loi qui supprimerait l’exclusivité de la banque centrale dans la fixation du taux d’intérêt de référence, mettant ainsi fin à l’indépendance de la politique monétaire de l’Institut d’émission.

Le projet de loi suggère que la banque centrale devrait fixer le taux d’intérêt après l’approbation du gouvernement et de l’assemblée, et avec l’accord du président de la république.

Le président Kaïs Saïed s’en est souvent pris à la banque centrale qui s’opposait à son projet de financer directement le budget de l’Etat.

La vision à court terme du gouvernement face à la crise contraste souvent avec le souci de la banque centrale d’assurer la stabilité des prix dans un contexte de crise économique sans précédent dans le pays.

Le président Saïed souhaite également que la banque s’abstienne de signer des accords avec des organismes de surveillance internationaux sans son approbation.

Les finances publiques sont en plein désarroi après que le président Saïed a rejeté un accord du FMI appelant à une réduction des subventions et à une réforme des finances publiques.

Le prêt vital de 1,9 milliard de dollars promis par le FMI et conditionné à des réformes est désormais obsolète et doit être actualisé compte tenu de la détérioration des finances publiques tunisiennes.

La fin annoncée de l’indépendance de la banque centrale est considérée par les critiques comme une continuation de la mainmise du président sur toutes les institutions de l’État.

Le président a remplacé en 2021 le système parlementaire par un système présidentiel qui s’arroge la quasi-totalité de l’autorité gouvernementale.

Il a également mis sous son contrôle le pouvoir judiciaire qui a envoyé en prison des opposants, notamment des journalistes.

Sous Saïed, les acquis démocratiques ont été bouleversés, tout comme l’économie, la Tunisie étant devenue l’un des pays les plus menacés de défaut de paiement.

Le manque d’accès aux financements étrangers a conduit à davantage d’emprunts auprès des banques nationales, ce qui a entraîné une perturbation des importations et des files d’attente dues à la pénurie de biens essentiels.

Avec l’une des masses salariales les plus élevées au monde en termes de pourcentage du PIB, la Tunisie du président Kaïs Saïed n’est pas disposée à mettre en œuvre des réformes douloureuses qui incluent la réduction des subventions.

Alors que sa dette publique atteint 37 milliards de dollars, soit 80% du PIB [82,2% selon les chiffres officiels], avec un déficit budgétaire d’environ 10% [6,3% selon les chiffres officiels], la Tunisie est au bord du défaut de paiement. Morgan Stanley a classé ce pays d’Afrique du Nord parmi les trois principaux défaillants probables.

Traduit de l’anglais.

Source : The North Africa Post.

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