Il y a un an, jour pour jour, une attaque terroriste ensanglantait le musée du Bardo. Qu’a-t-on fait depuis pour sécuriser ce haut lieu de la mémoire?
Par Marwan Chahla
Ridha Kacem, directeur général de l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (AMVPPC), passe en revue les réparations des dégâts de l’attentat du 18 mars 2015 et souhaite que la communauté internationale reconnaisse à la Tunisie les efforts qu’elle a consentis pour mériter de nouveau la confiance du visiteur étranger.
«Durant l’année écoulée, nous nous sommes trouvés dans l’obligation de tirer les enseignements de ce terrible attentat, à commencer, bien évidemment, par l’aspect sécuritaire», a déclaré M. Kacem dans un entretien à l’agence italienne AnsaMed.
Une grave faille sécuritaire
«Le premier constat que nous avons pu faire, c’est que l’ancien système sécuritaire comportait une faille béante: en effet, l’accès principal au parc où le musée est situé, et dont la gestion était du ressort de la police, représentait le point faible le plus important de notre système de surveillance. La preuve était là et il fallait donc la reconnaître: le modus operandi de la gestion de ce système ne répondait pas aux normes internationales», admet M. Kacem
«A présent, les choses ont beaucoup changé, ajoute-t-il, puisque le ministère de la Culture a désigné un responsable qui a désormais la charge de la sécurité et il a également mis sur pied une commission ad hoc dont la tâche consiste à établir le diagnostic sécuritaire de tous les sites archéologiques et des musées du pays», rassure-t-il.
«Pour ce qui est du musée du Bardo, par exemple, tout un programme spécial a été conçu, y compris l’éclairage nocturne de tout le bâtiment, l’acquisition de détecteurs de métaux sophistiqués, d’équipements de vidéo-surveillance et des stages de formation pour les agents du musée. En attendant que ce programme obtienne l’approbation finale et qu’il soit mis en application dans sa totalité – ce qui requiert un certain temps et les fonds nécessaires –, nous avons d’ores et déjà installé 9 projecteurs de haute puissance pour éclairer le musée sous tous les angles et nous nous sommes procuré des détecteurs de métaux auprès du ministère de l’Intérieur. Cette année, le programme sera finalisé», indique-t-il.
Les visiteurs étrangers boudent encore
Cette première réaction et ces premiers efforts visant à corriger les faiblesses de l’ancien système n’ont pas suffi, reconnaît Ridha Kacem, puisque les visiteurs étrangers boudent encore le musée du Bardo. «Nous souffrons encore des retombées désastreuses de l’attentat de l’année dernière, avec une chute de 20% du nombre de visiteurs du musée, et la saison actuelle, à voir les choses comme elles se passent, ne semble pas être meilleure. Outre les mesures que je viens d’évoquer, nous avons décidé de nous concentrer sur la qualité et la diversité de l’offre, en organisant dans nos musées nationaux des salons, des foires, des expositions et des événements musicaux et artistiques. C’est ce que nous avons l’intention de tenir, du 20 au 24 mars, ‘‘Les nuits du musée du Bardo’’», explique-t-il.
«L’an dernier, par exemple, nous avons organisé au musée de Carthage un atelier de la cuisine traditionnel qui a enregistré la présence de 2100 visiteurs étrangers, en une seule matinée», se réjouit M. Kacem.
Malgré les difficultés, l’optimisme du DG de l’AMVPPC reste entier: «Notre ambition est qu’un jour le visiteur étranger puisse venir en Tunisie pour se rendre au musée du Bardo, non pas uniquement parce que notre pays lui offre la destination touristique en all-inclusive la moins chère. Nous souhaitons substituer au tourisme de masse un autre d’une qualité plus élevée. C’est cela notre but et ce serait vraiment notre plus grande satisfaction que le monde reconnaisse que nous sommes en train de déployer des efforts énormes pour atteindre cet objectif», a lancé M. Ridha Kacem à l’adresse de la communauté internationale.
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