Selon une récente étude, 74% des ouvrières agricoles en Tunisie sont responsables de toutes les dépenses familiales quotidiennes, ce qui confirme le sort misérable réservé à cette catégorie de la population, qui est doublement exploitée, par l’Etat qui leur renie leurs droits élémentaires à une vie décente, et par la gente masculine : pères, frères, maris et employeurs.
Ce chiffre a été révélé par une enquête préparée par le Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche (Cawtar) en coopération avec le Programme alimentaire mondial sur le thème «Problèmes de violence pendant transport des ouvrières agricoles», et qui a concerné 500 ouvrières agricoles.
La coordonnatrice de cette enquête Amina Ben Fadhel a indiqué, lors d’une table-ronde intitulée «Violences économiques faites aux femmes : état des lieux et solutions», jeudi 15 décembre 2022, que 26% de cet échantillon de femmes contribuent aux dépenses quotidiennes de la famille, notant que cette forme de violence ne s’exerce pas seulement par le conjoint ou le fils mais aussi par l’intermédiaire au travail, qui emmène les ouvrières agricoles sur leurs lieux de travail et les oblige en retour à lui verser une somme d’argent, soustraite de leur salaire journalier qui ne dépasse pas 14 DT.
Amina Ben Fadhel a déclaré que cette enquête a révélé que les ouvrières agricoles sont victimes d’abus verbaux et physiques et sont souvent aussi victimes d’exploitation et de harcèlement de la part de l’intermédiaire.
Pour sa part, la spécialiste des questions féminines Latifa Ziadi a recommandé un meilleur suivi des relations professionnelles travailleurs-agriculteurs-intermédiaires à travers l’amendement de la législation et la mise en œuvre d’une stratégie pour assurer la sécurité et la santé des femmes travaillant dans le secteur agricole.
Par ailleurs, la directrice exécutive du Cawtar, Soukaina Bouraoui, a déclaré que la lutte contre les violences économiques faites aux femmes ne peut être réalisée qu’à travers des mécanismes appropriés, soulignant que le gouvernement, la société civile et les entreprises doivent assumer leur responsabilité pour venir à bout des violences faites aux femmes.
I. B. (avec Tap).
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