A Nidaa Tounes, juillet a été un mois mouvementé, avec au bout, semble-t-il, un début d’éclaircie, qui demande à être confortée.
Par Salah El-Gharbi
Après l’élection de Sofiene Toubel à la tête du groupe parlementaire et la démission de Ridha Belhaj de la présidence du comité politique, la situation à Nidaa semble se décanter, malgré la voix dissonante du remuant patron de Nessma TV, Nabil Karoui, membre du bureau politique, désormais à la tête de la fronde contre Hafedh Caïd Essebsi, chef autoproclamé du parti fondé en 2012 par son père, le président de la république, Béji Caïd Essebsi.
Le retour au bercail
En effet, le retour au bercail de la députée Fatma M’seddi, suivi le lendemain de l’adhésion de trois autres parlementaires, anciens membres d’Al-Moubadra, étaient autant de signes réconfortants pour l’équipe dirigeante de Nidaa qui voit les rangs de son groupe à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) passer, en peu de temps, de 65 à 69 députés, à égalité avec celui du parti islamiste Ennahdha.
Les journées parlementaires organisées les 23 et 24 juillet dans la banlieue nord de Tunis et réunissant le conseil politique et l’ensemble des députés, en présence de plusieurs membres du gouvernement, sont venues confirmer cette dynamique en donnant l’impression que le parti était en train de retrouver, progressivement, de la sérénité et une certaine vitalité. Et il suffit de prendre acte des recommandations des participants figurant dans le communiqué final de ces journées pour mesurer l’importance de cette évolution.
D’après ce communiqué, il semblerait que les cadres de Nidaa soient décidés de dépasser les polémiques internes, suscitées notamment par Nabil Karoui, à propos de la mainmise du fils du président sur l’appareil du parti, en reconnaissant la nécessité de «l’action collective».
En fait, la principale recommandation des participants à ces journées consiste à fixer de nouvelles règles de jeu, de sorte que seul un comité, «formé d’un représentant du groupe parlementaire du Mouvement, de deux membres du Comité politique, et d’un membre représentant les structures régionales et locales», est habilité à diriger les consultations à propos de la formation du gouvernement d’union national.
Cette recommandation chercherait, dit-on, à «élargir la base des consultations et de décision parmi toutes les structures du parti». Elle viserait, manifestement, à contenir les ambitions hégémoniques du fils du président de la république qui, attaqué, depuis quelque temps, au sein même de son clan et raisonné par certains parlementaires, semble lâcher du lest, en attendant le prochain congrès pour se donner une certaine légitimité en tant que «leader».
Des ministres présents aux journées parlementaires.
Un second souffle
Cet élan, initié par des instances dirigeantes de Nidaa est, à première vue, prometteur. Bien suivi dans la pratique, il pourrait donner un second souffle à cette formation politique, à la veille de la nomination d’un nouveau chef de gouvernement. Il s’inscrirait même dans une dynamique plus large qui dépasserait Nidaa à un moment où l’on assiste, depuis des mois à des signes inquiétants de la montée de la tentation fondamentaliste.
C’est dans ce sens qu’il faut saisir l’appel de Mohsen Marzouk, en marge des travaux du Congrès constitutif de Harakat Machrou Tounès (Mouvement du Projet Tunisie), né d’une scission au sein de Nidaa, pour former «un large front démocratique formé de partis nationalistes et modernistes», un souhait que beaucoup de Nidaistes progressistes et autres démocrates partagent aujourd’hui pour contrecarrer la forte domination des islamistes sur la scène politique.
Premier signe de cette embellie : un sondage du cabinet Emrhod Consulting, réalisé entre le 21 et le 23 juillet, et dont les résultats ont été publiés lundi, met Nidaa Tounes, avec 33,6% de taux de confiance, en tête des partis politiques en Tunisie, suivi d’Ennahdha (22,4%), du Front populaire (12,4%) et du Machrou (9,5%), qui recrute parmi les sympathisants de Nidaa.
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