Plateforme de dons en ligne en faveur de l’ESS en Tunisie

La Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux Rives (FTCR) lance à Paris la plateforme Donsentunisie, une action et des outils pour favoriser la mobilisation la diaspora en faveur de l’économie sociale et solidaire (ESS) en Tunisie.  

Par Hédi Chenchabi *

Ces dernières années, une attention croissante s’est portée vers l’économie sociale et solidaire (ESS) en tant qu’approche citoyenne et éco-responsable intégrant le développement durable et humain.

En s’inscrivant dans cette dynamique, la FTCR, en partenariat avec la fondation de la Maison de Tunisie à Paris et des associations démocratiques de l’immigration veulent promouvoir la participation des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE) au développement l’ESS dans leur pays d’origine.

Vieille bientôt de 50 ans, cette association innove. Elle est soutenue dans sa démarche par l’Organisation internationale de la migration (OIM).

Donsentunisie.fr est une plateforme de dons en ligne; elle a pour objectif l’amélioration de la contribution des TRR aux efforts de financement des associations caritatives et humanitaires en Tunisie. Elle a lancé des compagnes de dons en ligne destinées à accompagner la réalisation d’activités caritatives à vocation économique, sanitaire, solidaire et environnementale en Tunisie. Grâce à ses campagnes, la FTCR veut développer une culture de dons en ligne au sein de la diaspora.

Une tradition de solidarité

L’économie sociale a toujours existé en Tunisie, sous diverses formes. La culture solidaire, d’entraide et de travail collectif fait traditionnellement partie des pratiques sociales ancestrales des Tunisiens. Celles-ci se manifestent essentiellement dans le cadre d’organisations familiales, tribales ou religieuses, et concourent au renforcement des liens sociaux et à la lutte contre la précarité et la pauvreté.

Les formes de solidarité traditionnelles persistent encore aujourd’hui quoique de façon informelle.

Après la révolution de 2011, diverses organisations de la société civile se sont intéressées à cette thématique comme l’une des réponses au problème du développement. Mais chacun selon son approche.

Deux projets de loi portant sur la création d’un fonds de zakat et d’une institution de gestion des waqf (biens de mainmorte) ont été proposés par le gouvernement Ennahdha, en 2013. Mais ils s’inscrivaient davantage dans la volonté de finalisation du cadre juridique régissant la finance islamique que dans un engagement en faveur des organisations de l’ESS.

Ces deux projets d’inspiration islamiste, qui n’ont pas été soumis à l’Assemblée des représentants du peuple, traduisent une vision rétrograde de l’ESS.

L’ESS en France et en Tunisie

Comme en France depuis la loi de 2014 y afférente, l’ESS, en Tunisie, regroupe les mouvements coopératifs, mutualistes et associatifs, mais également les activités et les organismes issus de l’entrepreneuriat collectif.

Cet ensemble d’acteurs réunit un nombre élevé de petites unités, mais aussi quelques grosses institutions, dont l’effectif salarié peut même dépasser les 400 employés.

Leur domaine d’action se situe en priorité dans le tertiaire (action sociale, développement local, enseignement, activité caritative, humanitaire, culturelle et de loisir), mais il concerne également l’agroalimentaire par le biais des coopératives, et la sphère financière via les mutuelles de santé.

La loi de 2022 publié dans le Journal officiel de la république tunisienne (Jort) a enfin doté cette réalité en mouvement d’un cadre légal et réglementaire.

Le secteur agricole est, sans conteste, le point fort de l’ESS en Tunisie grâce à trois types d’organismes : les sociétés mutuelles de services agricoles (SMSA), les unités coopératives de production agricole (UCPA), qui sont elles aussi des coopératives, et les groupements de développement agricole et de la pêche (GDAP), qui sont des associations.

Les GDAP sont des associations sans but lucratif, d’utilité publique, actives dans le secteur agricole. Ils rassemblent des agriculteurs et des pêcheurs dont la fonction est de gérer collectivement certaines ressources naturelles et de contribuer à leur développement.

Un fort ancrage territorial

L’ESS est présente sur l’ensemble du territoire national, mais avec de fortes disparités locales. Elle est bien implantée dans les gouvernorats du littoral, où sont concentrées une part importante des associations et des coopératives agricoles. Elle est tout aussi présente dans le grand Tunis, zone d’implantation privilégiée des associations et des mutuelles, essentiellement publiques et semi-étatiques. Elle est moins développée dans les gouvernorats du nord-ouest.

La plupart des organisations de l’ESS comptent moins de 10 salariés. Néanmoins, le rythme de création des organisations de l’ESS semble s’accélérer ces dernières années. la récente loi encourage ce mouvement.

En Tunisie, le nombre d’entreprises sociales et solidaires a augmenté en raison d’une plus grande ouverture et de la liberté politique depuis la révolution, mais le secteur reste fragmenté et sous-développé.

L’ESS joue pourtant un rôle essentiel dans l’accès de produits et services aux populations mal desservies. La santé, l’accès aux soins, à la prévention, à l’éducation, à la culture ont vu l’arrivée de nouvelles initiatives qui mobilisent l’engagement associatif, professionnel et des plateformes dédiées.

Défense des valeurs de citoyenneté et de solidarité

Le concept d’ESS désigne un ensemble d’entreprises organisées sous-forme de coopératives, mutuelles, associations ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale.

Ces diverses organisations adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent l’utilisation des bénéfices qu’elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis, les ressources financières étant généralement en partie publiques.

La plateforme Donsentunisie à laquelle adhère la FTCR vise la mobilisation de la diaspora tunisienne pour encourager des initiatives associatives et citoyennes. Elle aura à évoluer et à proposer de nouveaux services pour accompagner les entreprises et les acteurs engagés dans la transition sociale et environnementale.

* Acteur associatif culturel à Paris.

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