Les sacs en plastique seront totalement interdits dans toutes les boulangeries tunisiennes à partir, du début du mois de ramadan (22 ou 23 mars 2023).
Cette interdiction est décidée dans le cadre des accords de partenariat, signés vendredi 17 mars 2023 à Tunis, entre le ministère de l’Environnement, la Chambre syndicale des boulangeries relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) et le Groupement professionnel des boulangeries modernes relevant de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect). Elle concernera, également, les commerces qui vendent du pain et touchera 5000 boulangeries du pays (dont 3500 subventionnées et 1500 dites «modernes»), qui proposent environ 10 millions d’unités de pain par jour.
Selon des données fournies à l’occasion de la signature des conventions avec les deux syndicats, ces boulangeries servent environ 5 millions de sacs en plastique à usage unique par jour.
Tous les locaux de commerce qui vendent du pain sont aussi concernés par cette décision et les contrevenants seront sanctionnés, a indiqué Awatef Messai, directrice de la qualité de vie au ministère de l’Environnement, lors de la présentation de la campagne qui sera menée pour appliquer la loi interdisant les sacs en plastique.
Amendes allant de 100 à 50 000 dinars
Les contrevenants seront sanctionnés d’amendes allant de 100 dinars à 50 000 dinars, conformément aux dispositions de la loi datée du 7 décembre 1992, concernant la protection du consommateur, la loi du 10 juin 1996, relative aux déchets et au contrôle de leur gestion et de leur élimination et au décret gouvernemental daté du 10 avril 2017 fixant les amendes encourues pour les contraventions au règlement sanitaire et à l’hygiène publique dans les zones relevant des collectivités locales.
Les sanctions pourraient aller jusqu’à l’emprisonnement pour les commerces contrevenants, rappelle le ministère de l’Environnement, dans un texte mis à la disposition des responsables et des journalistes présents lors de la signature des accords.
Le ministère prévoit, également, d’appliquer la loi contre toute personne qui jette, met ou laisse les restes de nourriture, les mégots de cigarettes, les bouteilles, les boîtes, les papiers, les sachets ou autres objets, quelle qu’en soit la nature dans les lieux publics et privés. Toutes ces atteintes à l’environnement et à la propreté et à l’hygiène de milieu seront passibles d’amende de 40 dinars.
«Le plastique est toxique et anti-écologique. Cette décision d’appliquer fermement la loi est dans l’intérêt de tout le monde», a lancé la ministre de l’Environnement Leila Chikhaoui. Elle a ajouté qu’il s’agit de protéger, à la fois, la santé publique et l’environnement, appelant toutes les parties concernées et les propriétaires de boulangeries et tous les locaux de commerce sans exception ainsi que les citoyens à respecter cette décision.
Les Tunisiens consomment environ 4,2 milliards de sacs en plastique par an. Chaque Tunisien utilise 400 sacs en plastique chaque année, contre 50 à 100 sacs pour un Français, a indiqué la responsable, qui a fait remarquer qu’il est temps d’appliquer fermement la loi pour contrer une pollution plastique envahissante et qui menace la santé publique et le milieu marin.
«On n’a pas le choix, car une convention universelle contraignante est en cours d’élaboration d’ici 2024 et nous devrons nous préparer à cette nouvelle donne, dès maintenant», a encore averti la ministre.
Préparer la transition écologique et énergétique
Ces accords sont signés dans le cadre de l’application du décret gouvernemental daté du 16 janvier 2020, interdisant l’usage des sacs en plastique à usage unique. Ils s’inscrivent également, selon le ministère de l’Environnement, dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de transition écologique et énergétique à l’horizon 2035.
En effet l’interdiction des sacs en plastique n’a jamais été effective bien qu’elle soit exigée par la loi depuis 2020 en Tunisie. La société civile et les experts avaient à plusieurs reprises, appelé à l’application du décret 32-2020 par la force de la loi, compte tenu de l’ampleur de la pollution plastique et la prolifération de ces sacs plastiques légers partout dans le pays, défigurant les paysages urbain et même rural.
De leur côté les représentants des deux syndicats des boulangeries ont souligné leur prédisposition à appliquer la décision d’interdire les sacs en plastique au sein des boulangeries, indiquant qu’ils ont fait le nécessaire pour sensibiliser les adhérents de leurs structures syndicales.
La campagne d’interdiction des sacs en plastique devrait aussi avoir pour objectifs d’inciter les citoyens à utiliser des alternatives «éco-friendly» aux sacs en plastique à usage unique, ont indiqué les responsables présents.
D’après Tap.
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