Selon Anis Kherbache, vice-président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), la récolte des céréales de cette saison agricole 2022-2023 ne dépassera pas 2 millions de quintaux, soit le tiers de celle l’année écoulée qui était de 7 millions, et le sixième de celle de 2019 (21,3 millions de quintaux).
Dans une précédente projection, l’Utap avait estimé la récolte de cette année à 3,5 millions de quintaux, mais la situation de stress hydrique que traverse le pays, et qui va réduire les possibilités de recours à l’irrigation complémentaire, a contraint les experts de l’organisation à revoir leurs prévisions à la baisse.
Quand on sait que la Tunisie importe près de la moitié de ses besoins en céréales, notamment en blé dur et en orge, et qu’elle fait face à un grave problème pour financer ses importations, on mesure l’ampleur de la catastrophe alimentaire annoncée, notre pays devant produire cette saison agricole 2022-2023 entre 5 et 6% de ses besoins en céréales.
Le responsable syndical, qui intervenait ce jeudi 30 mars 2023 dans l’émission ‘‘Romdhane Ennas’’ sur Mosaïque FM, a indiqué que l’Utap avait tenu hier soir une réunion d’urgence avec toutes les parties impliquées dans la production de céréales au cours de laquelle on a procédé à la révision des prévisions de la production céréalière de cette année marquée par une très faible pluviométrie et une baisse critique des réserves d’eau dans les barrages.
«La crise se poursuivra au cours de la prochaine saison agricole, étant donné que la production attendue équivaut aux besoins du pays en semences, ce qui posera un grand problème pour la garantie des besoins du pays en céréales, eu égard la hausse des prix du blé sur les marchés internationaux et les difficultés financières que traverse le pays », a expliqué Kherbache.
Cette crise s’ajoute à cette de l’eau que vit actuellement la Tunisie au terme de trois années de sécheresse continue qui a fortement affecté la production agricole, a-t-il ajouté, en rappelant que 500 000 agriculteurs producteurs de légumes et de fruits ne savent pas quoi faire, face à l’absence de perspective, ce qui laisse prévoir des mois difficiles au cours desquels la production agricole va fortement baisser en raison du manque d’eau d’irrigation, alors que le silence des autorités reste assourdissant, a déploré Kherbache.
Les éleveurs d’ovins et de bovins ne sont pas mieux lotis en raison du stress hydrique qui va les empêcher de répondre aux besoins de leurs bétails. A cela s’ajoute le problème du manque de fourrage, ce qui se traduira par une forte baisse de la production de viande.
Kherbache a appelé les autorités à proclamer l’état d’urgence hydrique et à prendre des mesures d’urgence pour faire face à cette situation catastrophique.
I. B.
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