Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) vient de publier une étude sur le thème : «Crispation anti-migrants subsahariens en Tunisie : discours et violences».
L’étude, réalisée par Maram Tebini, présente, décrit et analyse le phénomène de la migration et cherche à apporter des éléments de réponse aux questions suivantes : quelles sont les caractéristiques des discours complotistes anti-migrant.e.s en Tunisie? Comment ces discours sont-ils légitimés? Qu’est ce qui a motivé la création du Parti nationaliste tunisien? Quelles sont ses lignes directrices et que mène-t-il comme actions? Comment l’Etat tunisien cautionne-t-il le racisme? Quel est le sens donné aux discours anti-migrant.e.s pour la population? Qu’est-ce qui motive l’émergence d’une telle orientation politique ? Quelle a été la réponse antiraciste à ces événements? Quelle était la place des migrant.e.s dans tout cela?
Nous reproduisons ci-dessous la conclusion de l’étude :
Dans son article «Antillais et Africains», Franz Fanon écrivant : «Les histoires raciales ne sont qu’une superstructure, qu’un manteau, qu’une lourde émanation idéologique, revêtant une réalité économique. ». La justesse de ses propos se confirme à travers le phénomène observé en Tunisie au début de l’année 2023.
En effet, pour analyser les structures fondamentales de la domination et de l’oppression, les mouvances anti- migrants, spécifiquement anti-migrants Noirs sont chargées de sens.
La multiplication des discours qui ont visé ce groupe social – marginalisé et systématiquement opprimé en Tunisie – a été alimentée par une contextualité particulière. La crise économique, les angoisses collectives, le traumatisme colonial non géré par une partie de la population, et le poids des politiques de l’externalisation des frontières en Tunisie ont joué un rôle pour construire un discours, qui a été d’abord véhiculé par un parti se disant nationaliste, puis approprié par le président de la république et défendu par le ministre des Affaires étrangères.
Les répercussions de ces discours ont été désastreuses pour les migrants. Elles et ils ont été pendant plusieurs jours constamment violentés, insultés, expulsés et maltraités sur les espaces publics et sur les réseaux sociaux. La souffrance qui a résulté de cette violence a été protéiforme. L’insécurité, la peur, la hogra et l’impuissance se sont accrues chez cette population, les poussant vers la fuite ou la paralysation.
Parallèlement à ces répercussions, nous avons observé une vague de solidarité, en résistance à l’injustice vécue par les migrants. Réprimée par l’autorité, ces manifestations se sont poursuivies en tenant compte des entraves et des contraintes.
Ainsi, alors que la situation des migrants subsaharienne se rapproche d’une situation de crise humanitaire, il semble que le populisme dans lequel plonge l’Etat modulera les actions et les réactions des acteurs sociaux.
Lire la version complète de l’étude sur le site web du FTDES.
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