Accueil » Tunisie-Grande Bretagne: Friture sur la ligne

Tunisie-Grande Bretagne: Friture sur la ligne

Touristes

Selon l’ambassadeur de Tunisie à Londres, la Grande Bretagne «est en train de faire ce que les terroristes souhaitent qu’elle fasse». Ambiance…

Par Marwan Chahla

La décision prise par le gouvernement de David Cameron d’appeler les citoyens britanniques de quitter toute affaire cessante la Tunisie a été plus que surprenante pour les autorités tunisiennes. D’aucuns parlent de profonde déception ressentie à Tunis – voire de «lâchage».

Hier, vendredi 10 juillet 2015, le Premier ministre Habib Essid a fait savoir qu’il demanderait explication auprès de son homologue britannique. Diplomatiquement, cette démarche sous-entend qu’il y a désaccord entre les deux parties et qu’une explication s’impose pour clarifier les positions…

Jusqu’ici, rien ne laissait prévoir qu’il pouvait y avoir mésentente entre les deux pays. A maintes reprises, Londres a exprimé son soutien indéfectible au processus de démocratisation en Tunisie, son appui au développement du pays et sa solidarité dans la lutte contre le terrorisme.

Bien évidemment, le Royaume-Uni a été le plus durement touché par l’attentat de l’Imperial Marhaba, avec 30 sur le total des 38 personnes qui ont trouvé la mort, et le risque demeure que le terrorisme peut encore frapper en Tunisie, mais cela ne justifierait pas, aux yeux du gouvernement tunisien, une décision britannique aussi radicale que celle de décréter le départ de Tunisie de tous les Britanniques.

«Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour protéger les intérêts britanniques en Tunisie et ceux des autres pays. Ceci est notre devoir et nous l’honorerons toujours. Il reste, cependant, vrai que la Grande Bretagne est libre de prendre les décisions qui lui siéent – c’est un pays souverain. Notre pays est lui aussi souverain et nous sommes dans l’obligation de prendre position», a déclaré le chef du gouvernement.

Sans expliciter entièrement cette notion de «prise de position» tunisienne, M. Essid a tout de même fait comprendre que la décision britannique pourrait «avoir des conséquences.»

Plage-de-Sousse-garde-par-des-forces-speciales

La Tunisie a pris des mesures pour protéger les hôtels et les plages… mais a posteriori.

Nabil Ammar, l’ambassadeur de Tunisie à Londres, a été plus direct et plus accusateur: «La Grande Bretagne, en décidant de faire ce qu’elle fait, est en train de rendre service aux terroristes. Elle est en train de faire ce que les terroristes souhaitent qu’elle fasse. Cette annonce qu’il y a un risque très élevé que le terrorisme frappe une nouvelle fois en Tunisie portera très probablement un coup dévastateur à l’industrie touristique tunisienne.»

Si le ton monte, de part et d’autre, c’est tout simplement en raison de la pression terroriste très forte à laquelle «l’entente» tuniso-britannique est soumise.

David Cameron, qui vient d’être reconduit pour un nouveau mandat au 10 Downing Street, ne souhaiterait pas perdre aussi tôt sa popularité durement regagnée – encore moins sur des sujets qui froissent très facilement les susceptibilités populaires, telle que la mort de personnes britanniques innocentes tuées par des balles terroristes… alors qu’elles avaient choisi de soutenir la Tunisie en soutenant la campagne «Tunisie, moi j’y vais…»

Habib Essid est, lui aussi, sur ses gardes et il doit rendre des comptes, à tout instant. Qu’il puisse perdre l’«allié» britannique au bout de 5 mois aux commandes des affaires du pays serait très sérieusement dommageable à la suite de sa carrière de chef de gouvernement…

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!