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Ouled Ahmed : «J’ai perdu tous mes cheveux, mais je garde toute ma poésie»

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L’hommage rendu, samedi soir, au poète Sghaier Ouled Ahmed a été un grand moment d’émotion et de ferveur patriotique.  

Par Fawz Ben Ali

Le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine a organisé, le mercredi 14 octobre 1015, au Théâtre municipal de Tunis, une soirée en l’honneur du grand poète national Mohamed Sghaïer Ouled Ahmed.

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Le théâtre municipal n’a pas pu contenir la foule des Tunisiens venue rendre hommage au poète national.

Amis de tous bords : écrivains, artistes et admirateurs du poète sont venus en grand nombre, dépassant la capacité d’accueil de la «Bombonne» de l’Avenue Bourguiba, pour témoigner leur amour et leur soutien à Ouled Ahmed, qui traverse en ce moment la période la plus critique de sa vie à cause d’un cancer contre lequel il se bat courageusement depuis quelques temps.

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Le poète a mesuré le capital d’amour dont il jouit auprès des Tunisiens.

Figure de la résistance à la «marée verte»

Connu pour sa poésie mais aussi pour son militantisme, Ouled Ahmed était un opposant au régime de Ben Ali. Il avait refusé, en 1993, l’Ordre national du mérite culturel qui lui a été décerné par le président déchu, au risque d’être harcelé et renvoyé de son travail, à l’époque, comme attaché culturel au sein du ministère de la Culture.

Adem-Fathi

Adem Fathi.

Connu également pour sa défiance vis-à-vis de toute forme d’intégrisme et son hostilité farouche au mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir en Tunisie au lendemain de la révolution de 2011, il est devenu ainsi l’une des figures de la résistance tunisienne à la «marée verte». Cela lui a dailleurs valu des agressions en pleine rue et même des menaces de mort.

Latifa Lakhdhar, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, qui a donné le coup d’envoi de la soirée, a exprimé son émotion et sa fierté de pouvoir rendre hommage à un aussi grand poète. Cet hommage, explique-t-elle, s’inscrit dans une nouvelle tradition de son département qui consiste à honorer les intellectuels et les artistes de leur vivant, en signe de reconnaissance de leur apport à la culture nationale.

Jamel-Guella

Jamel Guella.

Malade et affaibli, mais avec toute sa volonté et son humour habituels, le poète honoré, est monté sur scène, enlevant son chapeau, pour s’exprimer avec la sincérité et l’émotion qu’on lui a toujours connues: «Voyez-vous, j’ai perdu tous mes cheveux, mais je garde toute ma poésie, et je vaincrai cette futile maladie», a-t-il lancé.

Ouled Ahmed a tenu à remercier le cadre médical qui l’accompagne dans son combat contre le cancer, les artistes qui ont donné de leur temps et de leur énergie pour réaliser cette soirée, et le public présent, à qui il a dédié l’ensemble de ses créations poétiques, «une poésie qui, dit-il, a toujours été dictée par mon amour démesuré pour la Tunisie. Tounes, ajoute-il, est aussi le prénom de ma mère».

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Amel Hamrouni.

Un esprit de liberté et de révolte

Le poète n’a pas manqué par la même occasion de prévenir encore et toujours contre les forces obscurantistes qui ne cessent de rôder autours des Tunisiens, et ce depuis le déclenchement de la révolution. C’est pourquoi, dit-il, «il ne faut jamais oublier que la Tunisie est un pays méditerranéen. Il ne se trouve pas au désert du Moyen-Orient.»

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Le poète déclame quelques uns de ses derniers poèmes.

Marquée par les années noires de l’oppression politique, la poésie d’Ouled Ahmed dit le désenchantement, la peine, mais aussi les rêves d’amour et l’esprit de liberté et de révolte de toute une génération.

Tout au long de cette soirée, animée par le journaliste Makki Helal, ses poèmes, connus et moins connus, ont été revisités et célébrés par les poètes Adam Fathi, Zied Abdelkader, Mohamed Miloud, les acteurs Jamel Madani et Nesrine Dakdaki, les musiciens et chanteurs Amel Hamrouni, Jamel Guella, Khmaïes Bahri et l’ensemble Ouyoun El-Kalem, ainsi que les peintres Mourad Zeraï, Najet Gherissi, Lamine Sassi, Mohamed Chelbi et Olfa Jegham.

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Ouled Ahmed entouré de la ministre de la Culture Latifa Lakhdar et de la grande famille culturelle et artistique.

Chacun, à sa manière, a voulu exprimer en paroles, en vers, en musique ou en peinture, son amour pour le poète de la nation.

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