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L’économie tunisienne va bientôt quitter la zone des turbulences

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La confirmation de la notation de la Tunisie à Ba3, assortie de perspectives stables, par Moody’s, suscite des réactions diverses parmi les économistes.

Pour l’expert en risques financiers, Mourad Hattab, interrogé à ce sujet par l’agence Tap, cette décision de l’agence de notation semble ambiguë, d’autant qu’elle se base sur l’évolution de la situation sécuritaire dans le pays et des changements survenus dans la région, notamment en Libye.

L’expert s’étonne que malgré la poursuite des mouvements sociaux, la situation sécuritaire délicate et l’instabilité qui caractérisent la Tunisie, Moody’s a considéré que la Tunisie a la possibilité de recourir à l’emprunt extérieur et d’améliorer les indicateurs relatifs au déficit courant et au déficit budgétaire.

Gare au surendettement !

La plupart des analystes financiers et des bailleurs de fonds conviennent, pourtant, de la faible capacité de la Tunisie en matière de remboursement de ses dettes extérieures, en raison du déclin de secteurs vitaux et notamment le tourisme et les exportations industrielles.

Mourad Hattab, réputé pour ses analyses souvent pessimistes, juge le rapport de Moody’s indulgent vis-à-vis de la situation réelle de la Tunisie, surtout que sa publication coïncide avec le démarrage des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour l’obtention, d’ici le mois prochain, d’un nouveau crédit évalué à 3.500 millions de dinars.

L’expert économiste considère que cette notation vient appuyer les efforts du gouvernement tunisien pour sortir, très prochainement, sur le marché financier international dans le but de mobiliser 1,1 milliard d’euros à un taux d’intérêt d’environ 5,75% et à la seule garantie de l’Etat tunisien. Il estime que le rapport de Moody’s va aider la Tunisie dans ses démarches pour l’obtention de ce crédit, malgré son coût onéreux et la polémique créée à son sujet.

Moody’s a conditionné la révision de sa notation par la stabilisation de la situation sécuritaire et la réalisation d’un ensemble de réformes structurelles économiques et sociales, conditions du reste approuvées par la Tunisie, a fait remarquer Mourad Hattab, qui appréhende la poursuite de la Tunisie dans sa politique d’endettement.

Le bout du tunnel est tout proche

L’universitaire Fathi Nouri est d’un avis contraire puisqu’il estime que la confirmation de la notation de la Tunisie par Moody’s est une décision raisonnable et adaptée à la situation économique, sociale et politique de la Tunisie. Cette notation assortie de perspectives stables permettra de relancer l’activité des opérateurs économiques et de booster l’investissement étranger, a-t-il estimé, précisant que l’orientation vers la maîtrise des grands équilibres financiers a permis leur stabilisation, à l’instar de l’inflation, qui constitue un frein à la croissance, et qui s’est établi à 3,5% en 2015 (contre 5,7% en 2013).

L’expert met l’accent sur la maîtrise du déficit budgétaire, qui a régressé pour s’établir à 3,9% en 2015 (4,4% en 2014), en soulignant aussi la stabilité du défit de la balance commerciale en dépit de son niveau élevé (8,9%) et du taux de chômage (15,4% en 2015), qui reste important mais pas encore catastrophique, puisqu’il a gardé le même niveau.

La réforme du secteur bancaire, la promulgation prochaine du nouveau code de l’investissement et le plan quinquennal de développement 2016-2020 vont permettre de stabiliser la situation et de donner des signes positifs de sortie de la crise, estime encore M. Nouri, qui fait aussi remarquer que les réserves en devises ont atteint, à fin février 2016, 123 jours d’importation, dépassant ainsi le seuil minimum de 90 jours, ce qui constitue, à ses yeux, un important facteur de stabilité. Quant au taux de l’endettement (53,3% à fin 2015), il reste acceptable par rapport à d’autres pays, assure l’économiste. La stabilité politique, la mise en place d’un gouvernement élu depuis plus d’une année et l’amélioration de la situation sécuritaire ont contribué à cette notation, estime M. Nouri, qui admet, cependant, que la situation sociale reste le point faible du pays vu la persistance de la pression sociale sur le gouvernement et la poursuite des sit-in, malgré la régression de leur nombre.

Bref, pour l’universitaire, l’économie tunisienne a dépassé la phase du danger et est passé à la phase de stabilité et des réformes avant d’entamer celle des réalisations.

I. B. (avec Tap).

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