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L’IVD de Bensedrine réécrit l’«histoire»

Par les grossières déformations de l’histoire de la Tunisie qu’elle nous a infligées, l’audition de samedi dernier a montré les limites de l’Instance Vérité et dignité (IVD).

Par Nefissa Wafa Marzouki *

Nafissa MarzoukiQuelques réflexions après avoir entendu la dernière audition de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), dans la soirée du samedi 25 mars 2017. D’abord, je dis aux historiens : à vos plumes pour une autre lecture de l’histoire !

Personne ne peut nier l’apport de l’État tunisien après l’indépendance en 1956 et dont Habib Bourguiba fut président :

– le code de statut personnel (CSP) pour redonner à la femme ses droits;

– le fameux planning familial pour maîtriser la croissance démographique;

– la politique de scolarisation de la société tunisienne, avec l’accès de la fille à l’école, la généralisation et la gratuité de l’enseignement et la promotion de l’école publique;

– la modernisation de l’État; et le cheval de bataille de Bourguiba fut, entre autres, la santé, l’administration et l’enseignement qu’il a unifié.

Certes, Bourguiba fut un leader mais il a commis de graves erreurs : une opposition étouffée, une presse muselée et l’instauration d’un régime autocratique érigé autour d’un seul dirigeant et d’un parti unique.

En tant que membre de la Commission de tri des membres de l’IVD, je le dis et redis: Sihem Bensedrine a été, lors de son élection et de l’élection de cette instance en 2014, la favorite de la «troïka» (l’ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha, Ndlr). Le vote n’était nullement objectif et neutre ; le vote avait, de bout en bout, un arrière-plan politique donc partisan et partial. D’ailleurs, 4 ou 5 voix ont voté contre elle, dont la mienne, lors du choix du membre qui devait représenter la société civile dans cette instance. Elle n’a donc pas eu l’unanimité comme elle le prétendait récemment dans une émission télé.

IVD

Il suffit de voir le public de Mme Bensedrine pour comprendre pour qui roule cette femme.

L’histoire d’un pays est écrite et interprétée par des historiens spécialistes chevronnés, qui ont observé le recul nécessaire, disposé d’une riche documentation et écouté des témoignages divers et contradictoires. Cette tâche n’est pas à la portée de qui que ce soit.

Malheureusement, cette trempe d’historiens ou d’historiennes, telles ceux ou celles affectés-es à l’Institut supérieur de l’histoire de la Tunisie contemporaine n’ont pas eu droit de cité dans l’IVD. Seuls-es les historien-nes «amis-es» de Mme la présidente ont été recrutés-es pour relire l’«histoire», celle que Mme Bensedrine désire entendre ou faire entendre à ceux qui l’ont nommée.

Par les grossières déformations de l’histoire qu’elle nous a infligées, l’audition de samedi dernier a montré les limites de l’IVD, dans sa configuration et sa gouvernance actuelles, dont la mission est pourtant importante pour la préservation de la mémoire du peuple tunisien et la réussite de sa transition démocratique ?

* Membre de l’Assemblée nationale constituante (ANC).

 

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