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Corruption : Va-t-on assister à des poursuites à l’encontre d’Ennahdha ?

La manifestation des gardes du corps licenciés du parti Ennahdha est un épisode grave de significations et de conséquences. Cette affaire ne doit pas être étouffée.

Par Nadia Chaabane *

Une trentaine de personnes a manifesté, mercredi 5 juillet 2017, devant le siège d’Ennahdha à Tunis. Les propos que ces personnes ont tenus sont sans équivoque. Elles disent avoir été embauchées par Ennahdha au lendemain de l’assassinat du dirigeant de Chokri Belaid par des extrémistes religieux, le 6 février 2013, avoir travaillé avec la police en renfort («nikhdmu maa al amn», «taazizat»…). Ces personnes n’étaient pas déclarées à la sécurité sociale et viennent d’être licenciées.

Face à ces déclarations, des mesures s’imposent. Il ne s’agit pas d’une affaire interne au parti islamiste qui ne concernerait pas les Tunisiens, loin de là. Ce parti, au pouvoir, semble donc avoir eu recouru au travail au noir dans un domaine ultra-sensible de surcroît touchant à la sécurité.

Une enquête doit être ouverte par les autorités publiques pour déterminer le rôle joué par ces recrues et les différentes missions accomplies? Quel rôle leur avait été assigné dans les sit-in et manifestations dont ces gardes du corps parlent? Lorsque le parti Ennahdha conduisait la coalition au pouvoir, de janvier 2012 à janvier 2014, il y a eu beaucoup de bruits autour du «amn mouwazi», police parallèle, et voilà que des ex-salariés du parti nous parlent de collaboration avec «la sécurité». Cela nécessite des explications !

Des poursuites doivent également être engagées pour travail illégal ou travail au noir qui est un délit aux yeux de la loi sanctionné par des peines assez lourdes assorties d’amendes sans oublier les peines complémentaires pour fraude et détournement de fonds publics (les cotisations à la CNSS et à la CNAM et les prélèvements fiscaux), vu le nombre des concernés, la facture va être salée et c’est tant mieux pour ces institutions déficitaires.

Ces gardes du corps licenciés faisaient-ils partie de la police parallèle islamiste ?

Lorsqu’on est au gouvernement, toute fraude de cet ordre constitue une circonstance aggravante.

Dans cette affaire, on est très loin d’un fait divers sans conséquences et, étouffer cette affaire constituerait un très mauvais signal particulièrement dans cette période de grand ménage car indépendamment du rôle assigné à ces recrues, le travail au noir est une forme abjecte de corruption; il renvoie à un mode de gouvernance esclavagiste et moyenâgeux dans lequel les salariés sont spoliés de leurs droits les plus élémentaires.

* Constituante.

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