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L’Iran sème le trouble au Moyen-Orient

Une conférence, tenue mardi 28 novembre 2017 à Paris, cherche à mobiliser l’opinion mondiale contre la menace à la paix mondiale que constitue le régime théocratique en Iran.

Par Hamid Enayat *

Au cœur de la répression en Iran, les ambitions hégémoniques des Gardiens de la révolution inquiètent la communauté internationale.

Les pasdaran, l’armée d’élite de la théocratie iranienne, contrôlent le programme balistique du régime islamiste et se sont lancés sur plusieurs fronts pour étendre son influence au Moyen-Orient.

Haro sur les pasdaran

La récente flambée de tensions dans le Golfe, avec le tir d’un missile iranien sur Riyad par les milices Houthites au Yémen, a ravivé les inquiétudes.

Le Conseil de sécurité de l’Onu interdit, par sa résolution 2231, le développement du programme balistique iranien pour éviter qu’il ne soit que dévié par des fins de vecteur nucléaires.

Les Etats-Unis ont pour leur part décidé récemment d’inscrire les pasdaran sur la liste des entités terroristes du Département du Trésor. En Europe, de plus en plus de voix s’élèvent pour que des sanctions soient appliquées contre cette «armée terroriste».

Bernard Kouchner.

En effet, le flux d’armements et de missiles de longue et moyenne portée vers les groupes affiliés dans la région et un phénomène qui inquiète plusieurs responsables politiques. Lors d’une récente visite dans le Golfe, le président français Emmanuel Macron a déclaré: «Le missile tiré depuis le Yémen, qui est manifestement un missile iranien, montre la force de l’activité balistique, et leur activité dans toute la région sur le plan balistique est aujourd’hui extrêmement préoccupante».

«Je pense en particulier aux interventions de l’Iran dans les crises régionales, à cette tentation hégémonique et je pense à son programme balistique (…) Les actions de ce pays nous inquiètent», a pour sa part déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.

Par ailleurs, le premier ministre libanais Saad Hariri annonçait début novembre sa «démission» et a dit craindre pour sa vie à cause des manigances du régime iranien au Liban. Pointant la «mainmise» de Téhéran sur son pays par le biais de son bras libanais, le mouvement du Hezbollah, il a dénoncé les «actes de déstabilisation» du régime et exigé que le groupe islamiste soit désarmé.

Sid Ahmed Ghozali.

Le régime des mollahs se targue d’étendre son influence, à travers un «axe de résistance», de la mer Caspienne aux côtes orientale de la Méditerranée. Des responsables iraniens se sont également vantés de contrôler «quatre capitales arabes» : Bagdad, Damas, Sanaa et Beyrouth. Cette politique de domination risque de s’amplifier.

Les violations dans le pays

La violence du régime ne touche pas que ses voisins. Dans le pays même, la population subit une dictature islamiste depuis près de quarante ans. Des dizaines de milliers d’opposants ont été exécutés et d’autres sont aujourd’hui emprisonnés pour leurs convictions.

Une campagne a récemment été lancée par les militants des droits de l’homme pour demander une enquête internationale sur le dossier du «massacre des prisons» en 1988, l’une des pages les plus sombres de l’histoire contemporaine iranienne. Ce dossier est venu au-devant de l’actualité notamment à cause de la découverte de plusieurs fosses communes. Les familles exigent que les sépultures de leurs enfants soient communiquées.

Rama Yade.

Sur une fatwa de l’ayatollah Khomeiny, fondateur du régime islamique, 30.000 prisonniers politiques étaient exécutés en quelques mois à la fin de la guerre Iran-Irak (1980-1988).

Une conférence organisée, le mardi 28 novembre à la Mairie du 5e arrondissement de Paris, a cherché à mobiliser l’opinion sur ce dossier accablant.

Plusieurs personnalités et élus ont réclamé une enquête sur ce qui a été décrit par Amnesty International comme «crime contre l’Humanité resté impuni».

Le maire Florence Berthout, Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre d’Algérie, Bernard Kouchner, ancien ministre français des Affaires étrangères, Rama Yade, ex-secrétaire d’Etat chargée des droits de l’homme et d’autres personnalités sont intervenus pour demander une commission d’enquête internationale.

Bernard Kouchner a rappelé : «Ce qui atteint un sommet de la barbarie, c’est que l’immense majorité des trente mille victimes étaient déjà en prison. Et certains allaient être libérés, certains avaient accompli leur peine. Alors on est allé les chercher. Et puis il y a eu des commissions de la mort. Ils étaient en général cinq et ils prononçaient oui ou non : Est-ce que vous êtes en accord avec la politique des Moudjahidine du Peuple, leur demandait-on? Si on répondait oui, on était fusillé immédiatement.»

Les victimes des massacres de 1988.

Rama Yade Pour a pour sa part déclaré : «Il est temps pour l’Union européenne et en particulier la France, pays des droits de l’homme, d’exiger de la Syrie le retrait immédiat des gardiens de révolution qui soutiennent les groupes terroristes dans la région. Il est temps également d’exiger la fin du programme de missiles balistiques de l’Iran, programme qui viole les résolutions du Conseil de Sécurité. Et que si le régime refuse de retirer ces mercenaires de Syrie ou de mettre fin à ce programme balistique, qu’on revienne à un régime de sanctions.»

* Journaliste iranien basé à Paris.

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