Accueil » ‘La Marsa change’ ou la citoyenneté participative à la Tunisienne

‘La Marsa change’ ou la citoyenneté participative à la Tunisienne

Des citoyens de La Marsa ont constitué une liste citoyenne pour participer aux prochaines élections municipales. Les tenants et aboutissants d’une initiative.

Par Farouk Benouadah *

Face à des partis politiques usés et à la crise de légitimité participative des élus, ‘La Marsa change’ est une initiative lancée en juillet 2017 par une poignée de citoyennes et de citoyens représentant la diversité marsoise avec des parcours professionnels, des compétences et des opinions politiques et religieuses différentes.

Ce sont des militants qui ont appartenu à divers associations qui ont agi ensemble contre la corruption urbaine, la spéculation immobilière, le manque de transparence dans la gestion municipale ou la publication d’un plan d’aménagement urbain sans l’accord des Marsois.

Ces campagnes citoyennes ont permis de petites victoires qui ont redonné confiance aux Marsois sur leur capacité à prendre en main l’avenir de leur ville au-delà de leur différence. C’est pour cela qu’ils viennent de constituer une liste citoyenne pour participer aux prochaines élections municipales. Objectif : s’attaquer à l’accaparement du pouvoir municipal par les élites, qu’elles soient partisanes ou économiques, et appliquer les méthodes des villes citoyennes afin que les Marsois prennent eux-mêmes en charge les problèmes de leur ville.

Les citoyens se prennent en charge et vole au secours de leur commune. 

Une démocratie directe, participative et collégiale

Le manque de confiance dans les partis politique et la grande déception de la gestion politique du couple Nidaa-Ennahdha ont conduit un collectif de citoyens de La Marsa à tenter de faire de la politique autrement. Ils désirent désormais se faire entendre de façon directe, voire leur parole prise en compte et peser réellement sur les décisions municipales. Pour cela, ils s’engagent à effectuer un changement par le bas en lançant une nouvelle pratique de la démocratie, qui se veut directe, participative et collégiale.

Le changement recherché concerne d’abord la nature des relations entre citoyens et pouvoirs locaux et suppose des réformes radicales : soutien des initiatives et des alternatives citoyennes, partage des pouvoir selon la compétence des élus, décisions collectives par consensus, mobilisation autour de projets environnementaux, actions collectives centrées sur l’intérêt commun.

Un chantier vertueux mais rempli d’obstacles

Il est vrai que le chantier est ambitieux et non sans obstacle. Car le désir de transformation est accompagné d’une grande crise nationale et locale : les difficultés sociales augmentent, le chômage explose, la corruption urbaine perdure, la malversation des élus se généralisent, et la laideur des construction anarchique se banalise.
Le désir de changement est également freiné par les réticences et les résistances de tous ceux qui profitent de ces maux et qui refusent de remettre en cause leur pouvoir et leurs privilèges. L’on comprend pourquoi, chez les citoyens, la déception est immense notamment chez celles et ceux qui ont fait la victoire de Nidaa en 2014.

L’on comprend également le taux alarmant de l’abstention aux dernières élections. Pour les membres fondateurs de ‘La Marsa change’, la crise de la participation démocratique reste entière. C’est une préoccupation qui prend de l’ampleur au sein du collectif. Que faire alors pour redonner confiance aux citoyens ? Comment faire sauter le verrou de l’abstention en mettant en place de nouvelles formes de sociabilité et de participation locale ?

Redonner confiance aux citoyens

Pour cela, la liste de ‘La Marsa change’ s’engage à jouer un rôle actif dans la réconciliation des citoyens avec la politique en inventant une nouvelle forme de démocratie participative, qui favoriserait l’accès pour tous à la prise de décision. Cette ambition sera concrétisée dès les prochaines campagnes électorales, par la mise en place d’une relation d’égale à égale avec les citoyens afin d’être à l’écoute de leur besoin, leur colère ou leur propositions.

L’objectif est de promouvoir de réels espaces de dialogue et de négociation pour redonner goût et envie aux Marsois de s’impliquer dans la vie politique locale.

Mais la démocratie participative n’exclue pas le danger possible de l’opportunisme même au sein du collectif. C’est pour cela que les membres s’engagent à instaurer des mécanismes stricts de surveillance avec la mise en place d’instances de veille et de contrôle démocratique qui prévoit déjà, l’abolition des privilèges connus ou cachés des élus, la transparence totale des décisions municipales et de la redevabilité devant l’assemblée des citoyens.

La démocratie participative contre l’opportunisme politique.

Une ville créative, vivante, solidaire et surtout apaisée

L’assemble de ces dispositifs apparaissent comme des réponses possibles au développement de l’abstention et aux votes extrêmes notamment chez les exclus et les marginalisés des quartiers populaires. Comme elles facilitent des alliances citoyennes rassemblant la diversité des Marsois au-delà de leurs affinités culturelles, sociales ou religieuses.

Quelle que soit la liste qui arrivera en tête du premier tour au mois de mai prochain, le collectif semble déterminé à continuer d’œuvrer au rassemblement de toutes les forces démocratiques locales afin de mettre en échec les projets conservateurs du couple Nidaa-Ennahdha et faire gagner l’intérêt des Marsois.

Gageons que cette liste novatrice se heurterait aux états majors de ces partis que l’on nous présente comme cyniques, voire cruels et sans pitié. Il faudra passer outre, les membres du collectif croient à la démocratie, au pouvoir exercé par tous les citoyens dans la clarté et la transparence avec cette attention d’abord aux plus faibles et laissés pour compte de la ville.

La liste ‘La Marsa change’ représente ainsi une vraie révolution que sera faites non pas de grands coup médiatiques mais de petites actions utiles, sans relâche et continues qui ne feront certainement pas beaucoup de bruit mais qui contribueront à faire de la Marsa une ville créative, vivante, solidaire et surtout apaisée.

* Journaliste universitaire.

Municipales : La liste citoyenne indépendante de la Marsa enfin prête

La Marsa : Campagne contre les constructions illégales

Conseil municipal citoyen à la Marsa : L’initiative gagne du terrain 

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!