Ecarté de la liste des 23 joueurs convoqués pour la Coupe du monde 2018 par le sélectionneur de l’équipe de Tunisie, Nabil Maâloul, le milieu de terrain de Cesena, Karim Laribi, vient de s’exprimer dans un message sibyllin sur son compte Facebook.
Par Hassen Mzoughi
Le message du joueur se lit entre les lignes. Plus que de la déception, il interpelle par quelques allusions à une certaine «ambiance» ou à un «credo» dominant au sein du groupe.
Pour celui qui a disputé 40 matches, réussi 9 buts et 11 passes décisives cette saison avec Cesena, le fait d’être laissé sur la touche, sans jouer la moindre minute en matches de préparation, n’est finalement pas un simple choix technique. C’est presque une sanction pour non-conformité à un modèle imposé.
«Gens de foi différente»
Karim Laribi laisse supposer qu’un «critère» autre que sportif est entré en jeu, quand il dit en substance dans son statut : «Dans le football, il n’y a qu’une seule langue, une seule religion. Il n’y a pas de barrières, seule la balle existe. La balle peut unir, elle peut faire réjouir des gens de foi différente».
Que pourrait suggérer le natif de Milan en parlant de «religion» et de «foi différente»?
Karim Laribi donne une indication révélatrice en affirmant que dans le football il n’y a qu’une seule religion : la valeur du joueur, de l’homme, qui vient avant toute considération d’appartenance ou d’obédience.
Aurait-il été écarté parce qu’il n’était pas disposé à suivre «la bigoterie générale», commandée par «cheikh» Nabil Maaloul en accord avec un staff médical suiviste et irresponsable qui a négligé de protéger la santé des joueurs en fermant les yeux sur les dangers du jeûne de ramadan sur les métabolismes des sportifs préparant une compétition exigeante à tous les niveaux comme le Mondial?
Se préparer à cette compétition de très haut niveau en jeûnant pendant de longues séances d’entraînement et jouer également à jeun pendant une heure à chacun des deux matches amicaux contre le Portugal puis la Turquie, disputés de surcroît en cinq jours d’intervalle, laisse forcément des séquelles que l’on constatera… dans 10 jours face à des adversaires préparés sur des bases scientifiques (régime sportif compris).
La Tunisie s’est privée d’un excellent milieu offensif.
Karim Laribi a-t-il défendu sa liberté?
Le staff technique et médical est-il vraiment persuadé que des forces occultes aideront l’équipe de Tunisie à rivaliser avec les adversaires anglais, belges et panaméens et à lui faire franchir le premier tour ? Il n’y a pas plus ridicule!
Tout en souhaitant bonne chance aux Aigles de Carthage, Karim Laribi ne garde pas un souvenir impérissable de sa mésaventure avec ses camarades de l’équipe de Tunisie. «Maintenant, je veux me concentrer sur mon avenir, qui est beaucoup plus important que ce que je laisse derrière moi», écrit-il, laissant comprendre qu’il ne regrette rien en restant lui-même, en restant différent et libre. Et il n’a pas tort !
Tellement libre qu’il ignorait que faire partie de la sélection impliquait de se plier à une exigence autre que sportive : accepter d’abandonner une grosse part de son autonomie morale et intellectuelle pour, dit-on, intégrer un groupe de… bigots.
C’est justement parce qu’il n’a pas accepté d’être un suiveur, un béni-oui-oui et un opportuniste qu’il a été mis sur la touche. Si tel était l’enjeu, Karim Laribi n’aurait rien perdu.
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