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Elyes Mnakbi : Tunisair doit se séparer de 15% de ses effectifs

Tunisair souhaite licencier 1200 de ses employés, soit 15% des agents que compte la compagnie nationale, afin d’atténuer ses difficultés financières endémiques qui ont engendré des retards de vols à répétition et une dégradation sensible de ses services…

Par Marwan Chahla

Tel est le cri d’alarme que vient de lancer une nouvelle fois hier, vendredi 24 août 2018, le Pdg de Tunisair, Elyes Mnakbi, dans une déclaration à l’agence Reuters : la compagnie nationale a une flotte qui compte 30 appareils et emploie 8000 agents, à l’instar d’un pléthorique service public tunisien que tous les gouvernements post-Révolution ne sont jamais arrivés à alléger – notamment en raison de la résistance de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et ses infranchissables «lignes rouges»

266 employés/avion pour Tunisair 4 fois plus que pour la RAM

À titre de comparaison, l’exemple marocain est à plus d’un titre édifiant: selon son site internet, la Royal Air Maroc, qui est également une compagnie nationale, dispose 50 avions et compte sur les services de 3300 employés, soit une moyenne de 66 agents par appareil – alors que la moyenne serait de plus de 266 employés/avion pour Tunisair !

C’est là, donc, où le bât blesse: «La compagnie souffre de difficultés financières majeures en raison du nombre très élevé de ses employés et de la lourde enveloppe salariale que cela implique», déplore Elyes Mnakbi, dans cette déclaration à Reuters, ajoutant : «Nous avons soumis au gouvernement l’idée de pouvoir nous séparer de 1200 de nos agents, et nous attendons toujours la réponse à ce programme visant à alléger le fardeau financier de la compagnie et à la sortir de la crise dans laquelle elle n’a cessé de se débattre.»

Pour appuyer son point de vue, M. Mnakbi se réfère à ce qui est devenu, depuis quelque temps déjà, la nouvelle règle dans le transport aérien mondial, c’est-à-dire le coup de rabot obligatoire: «Sachez que partout ailleurs dans le monde, un avion requiert le service moyen de 80 employés, alors que Tunisair emploie une moyenne de 165 personnes – de toute évidence, cet excès du nombre de travailleurs affecte négativement la balance comptable de la compagnie.»

Une meilleure ouverture sur un marché africain porteur

Et les temps seront encore plus durs pour Tunisair, si aucun plan de sauvetage d’urgence n’est mis en œuvre pour lui redonner un certain mordant dans un secteur d’activité où la compétition – le fameux Open Skies oblige !– est féroce et elle le sera encore plus…

Outre l’allègement de la masse salariale, une autre solution est également envisageable pour Tunisair, celle d’une meilleure présence et d’une meilleure ouverture sur un marché africain porteur…

En attendant, étant dans son incapacité à régler ses factures auprès de ses fournisseurs étrangers, la compagnie nationale a dû se passer, en pleine saison estivale, de six de ses appareils, à présent cloués au sol, par manque de certaines pièces de rechange. Evidemment, pareille situation financière difficile engendre des retards et des annulations de vols, une mauvaise qualité de service et la grogne des clientèles nationale et étrangère.

Cette détérioration a entraîné certains politiques – notamment appartenant à Afek Tounes – à réclamer de toute urgence une intervention du gouvernement pour sauver Tunisair.

Elyes Mnakbi ne désespère pas pour autant : «Nous sommes tout à fait conscients du fait que les choses ne vont pas être faciles avec l’Open Skies [qui devrait entrer en vigueur avant la fin de cette année, ndlr], mais nous avons en notre possession tout un plan pour réformer la compagnie. Si nous mettons ce programme à exécution, nous sauverons la mise», affirme-t-il, précisant que cette restructuration de Tunisair coûterait un milliard de dinars tunisiens.

Bon vent…

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