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Tunis : Le stade Chedly Zouiten sera-t-il livré aux prédateurs immobiliers ?

L’abandon du stade Chedly Zouiten est un signe avant coureur d’une probable disparition de ce monument sportif de la capitale, à l’instar de la piscine du Belvédère, elle aussi en ruine et visée par… les prédateurs de la promotion immobilière!

Par Hassen Mzoughi

Dans les années 2000, Leila Trabelsi, épouse de Zine El Abidine Ben Ali, avait tenté de se s’approprier le stade Chedly Zouiten, au cœur du parc du Belvédère, à Mutuelleville, pour le raser et bâtir des immeubles luxueux à sa place. Le projet devait être concrétisé en février 2011, dans le cadre d’une reconversion du parc, pourtant domaine public, zone classée verte et interdite à toute division et exploitation immobilière.

La fuite de Ben Ali a sauvé le Parc du Belvédère qui devait être réparti en trois lotissements, des griffes du clan des Trabelsi, mais la valeur foncière du Zouiten, situé dans l’un des quartiers chics de la capitale, n’a pas échappé à la nouvelle mafia qui sévit depuis 2011. Des nouveaux requins auraient des visées sur cette enceinte sportive pour… concrétiser, «le projet» de Leila Ben Ali…

La nouvelle ministre de la Jeunesse et des Sports, Sonia Ben Cheikh, si elle s’inquiète pour les stades d’El Menzah à Tunis, de Sousse et de Sfax, n’a pas évoqué le «sort» réservé au Zouiten. De deux choses l’une : ou on lui a caché le dossier de ce stade, ou tout simplement le sort de cette infrastructure est déjà scellé ! Dans les deux cas, ce temple du foot serait voué à la disparition puisqu’il n’est pas inscrit, selon des indiscrétions, dans le programme de mise à niveau des infrastructures sportives comme les stades de Sousse, le 15-Octobre de Bizerte, Taieb Mhiri de Sfax ou El Menzah à Tunis…

Pourquoi toujours fermé ?

Le stade Chedly Zouiten est fermé au public depuis novembre 2006, ce qui laisse poser pas mal d’interrogations. Toutes les raisons ont été avancées pour justifier cette longue fermeture : défectuosité des gradins à proximité de la tribune d’honneur, des canaux de drainage des eaux pluviales … La municipalité de Tunis avait, en son temps, annoncé le coup d’envoi des travaux en 2008 pour une durée de deux années, pour des coûts estimés à l’époque à 3,4 millions de dinars tunisiens (MDT). Etaient programmés un nouveau système d’arrosage mécanique, la canalisation des eaux pluviales, les grillages de séparation, la rénovation des gradins côté pelouse et des vestiaires, la tribune d’honneur, l’éclairage, le tableau lumineux et la zone presse. Ces travaux n’ont pas été faits ou fait partiellement, sinon pourquoi le stade n’est pas ouvert au grand public?

Ce stade de 18.000 places construit en 1942 a abrité la CAN 1965 et a été partiellement rénové pour accueillir deux rencontres de la CAN 1994. Appelé stade municipal à l’indépendance, en 1956, il porte, depuis 1962, le nom d’une grande figure du sport tunisien, Dr Chedly Zouiten, longtemps président de la Fédération tunisienne de football (FTF) et de l’Espérance sportive de Tunis (EST).

Longtemps stade principal de la capitale, il est supplanté par El Menzah en 1967 (45.000 places) puis de Radès en 2001 (60.000 places), tous deux plus grands et plus modernes. Le Stade Tunisien, un des principaux clubs de la capitale, y a élu domicile.

Slim Riahi l’avait «promis» au Club africain

Hedi Djilani, ex-président de l’Espérance de Tunis entre 1987 et 1989 (et ex-président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat entre 1988 et 2011) a demandé un bail du stade Zouiten, dans le cadre de son programme de professionnalisation de son club, mais Mohamed Ali Bouleyman, à l’époque maire de Tunis et supporteur notoire du Club africain, a opposé un non catégorique au président de l’Espérance. Rivalité de clubs oblige !

«Le stade Zouiten au Club africain», tel était le slogan de Slim Riahi dans sa campagne électorale. Grosse supercherie en fait. Il a poussé le mensonge jusqu’à promettre de construire un étage supérieur dans ce stade en vue d’en augmenter la capacité. Il a aussi leurré en parlant d’un projet grandiose à coups de millions de dinars pour moderniser le parc Mounir Kebaili. Rien n’a été fait.

La piscine du Belvédère serait-elle également visée !

L’abandon du stade Zouiten est un signe avant-coureur d’une probable disparition de ce monument sportif de la capitale, à l’instar de la piscine du Belvédère, elle aussi en ruine.

Triste tableau que ce complexe aquatique de marbre blanc, placé, comme le stade Zouiten, sous la gestion de la municipalité de Tunis. Il est fermé depuis plus de 20 ans, sans aucun entretien et dans un état de dégradation avancé. Dans l’indifférence générale non seulement de la municipalité mais aussi de l’Association des Amis du Belvédère, jadis active.

Comment la sauver? Les rumeurs les plus folles circulent quant à l’avenir de ces lieux. Est-il vrai que la piscine serait remplacée par un projet immobilier?

Beaucoup de prédateurs sont prêts à s’en emparer.

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