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La révolution tunisienne n’a pas commencé en janvier 2011

Dans le cadre de la série de débats «ID-Ba» organisée par l’Institut français de Tunisie (IFT), et à l’occasion de sa sortie tunisienne, l’ouvrage collectif ‘‘Tunisie, une démocratisation au-dessus de tout soupçon ?’’ d’Amin Allal et Vincent Geisser a été présenté à l’auditorium de l’IFT, devant une salle comble.

Par Fawz Ben Ali

Après sa sortie en France il y a quelques mois aux éditions CNRS, une édition tunisienne de ‘‘Tunisie, une démocratisation au-dessus de tout soupçon ?’’ vient de voir le jour chez Nirvana Editions. Il s’agit d’un essai collectif réunissant 24 textes de 23 contributeurs tunisiens et français, collectés par ses deux co-auteurs et chercheurs à l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) Amin Allal et Vincent Geisser.

Dans la continuité des faits

Les deux auteurs du livre le présentent comme un tableau qui reflète les différentes facettes de la Tunisie, un projet né après avoir lu les nombreux ouvrages sortis après la Révolution du 14 janvier 2011 qui avaient tendance à donner une image monopolitique et monocolore de la Tunisie.

Les deux chercheurs ont souhaité contredire cette lecture binaire qui rompt entre l’avant et l’après 2011. «On croit plutôt à une continuité des faits et à un long processus de démocratisation, car les choses ne se sont pas faites du jour au lendemain avec le départ de Ben Ali», expliquent-ils. «On aurait pu céder à la facilité d’entreprendre une approche avant/après, mais on a refusé de se satisfaire de cette vision binaire, car l’histoire ne se fait pas avec ce genre de découpage», poursuit Vincent Geisser.

L’ouvrage explique que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la démocratie en Tunisie repose sur une histoire longue qui s’est construite au fil des décennies, depuis l’indépendance. Il existe une dynamique des mouvements sociaux et protestataires qui ne sont pas nés avec la révolution; cette dernière n’a fait que les affirmer et intensifier, d’ailleurs, si les gens ont manifesté devant des lieux comme l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le ministère de l’Intérieur ou sur l’avenue Habib Bourguiba, c’est parce qu’ils ont une forte symbolique et une histoire derrière eux.

Amin Allal et Vincent Geisser.

Une histoire de lutte

La révolution du 14 janvier 2011 est donc la quintessence de l’ensemble de cette histoire de lutte, mais aussi le point d’émergence de «nouvelles» causes qui étaient restées tabous comme la question du genre, de l’orientation sexuelle ou encore de l’anti-racisme… qui se sont institutionnalisés entre défenseurs et détracteurs.

«La Tunisie n’a jamais été inerte ou immobile, car depuis longtemps se jouait une révolution silencieuse», affirme Vincent Geisser. Le livre se place donc comme un miroir de cette historicité, de ce temps long vers la démocratie, il propose de réinterroger le passé et regarder les choses qu’on n’était pas permis de voir avant 2011, notamment à travers le témoignages d’acteurs binationaux, «ces gens qui circulent entre les deux rives de la Méditerranée» et qui ont une visions assez particulière et parfois plus juste es faits.

Interrogés sur la désillusion, le doute et le pessimisme qui se sont installés avec le terrorisme et la crise économique, les deux auteurs estiment que cela ne signifie pas que la révolution a échoué ou qu’il y a un dysfonctionnement du processus démocratique, cela est un comportement normal dans les jeunes démocraties et même dans les plus grandes démocraties du monde.

‘‘Tunisie, une démocratisation au-dessus de tout soupçon ?’’ a aussi été présenté et débattu le mercredi 23 janvier 2019 à l’Institut de Recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC).

Débat à l’IFT : ‘‘Tunisie, une démocratisation au-dessus de tout soupçon’’

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