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Cascade de démissions d’Ennahdha : Rached Ghannouchi reste zen

Au terme d’un demi-siècle de métamorphoses, Rached Ghannouchi croit encore à son avenir.

Telle la dame de l’adage tunisien qui, emportée par les eaux des inondations, trouve le moyen de clamer que les récoltes de cette année seront abondantes, le chef islamiste tunisien Rached Ghannouchi se montre zen face à la vague de contestations et de démissions au sein de son parti. C’est à peine s’il ne dit pas, en paraphrasant Victor Hugo dans « Les Châtiments »: «Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là !»

Par Marwan Chahla

Pour le président d’Ennahdha, il n’y aurait pas aucun souci à se faire au sujet de la décision prise récemment par deux jeunes cadres de Montplaisir –Hichem Larayedh et Zied Boumakhla– de quitter l’embarcation nahdhaouie qui commence à prendre de l’eau… Un 3e départ, le lendemain, de la jeune responsable islamiste de France Hager Barcous. Et, fin novembre dernier, celui, encore plus fracassant, du secrétaire général du mouvement islamiste Zied Laadhari…

«Il n’y a pas lieu de s’en inquiéter», dit-il

Rien n’y fait. Face à ces désertions, ayant commencé il y a plusieurs mois par son ancien chef de cabinet, Zoubeir Chehoudi, le gourou de Montplaisir demeure imperturbable. «Il n’y a pas lieu de s’en inquiéter», a-t-il déclaré hier, vendredi 17 janvier 2020, au micro de Mosaïque FM.

Avec l’assurance et l’arrogance d’un chef de tribu bédouine, Rached Ghannouchi est venu rappeler, à qui veut le croire, qu’«Ennahdha est un espace démocratique pour ses membres et ses militants» et que «la liberté d’expression est un droit acquis et mis en pratique dans toutes ses structures, à quelque niveau que ce soit…»

Ainsi, d’un simple revers de main, le cheikh rejette l’idée de crise qui menace son mouvement, clôt le débat et tente de mettre un terme à ce qui semble être la montée d’une véritable vague frondeuse –à quatre mois seulement du congrès du parti islamiste, qu’il cherche d’ailleurs à reporter voire à annuler, car il n’est pas disposé à passer la main, alors que plusieurs dirigeants et pas des moindres s’impatientent et se voient déjà lui succéder, à l’instar de Abdellatif Mekki ou Mohamed Ben Salem. Selon le règlement interne du parti, le cheikh ne peut plus cumuler la présidence de l’Assemblée et celle d’Ennahdha, disent ces derniers, estimant qu’à 78 ans, le vieux chef n’a plus les moyens physiques et mentaux d’assumer les exigences de deux fonctions aussi exigeantes.

Les certitudes d’un chef de parti monolithique à l’ancienne

Fidèle à sa démagogie paternaliste de chef de parti monolithique à l’ancienne, Ghannouchi continue de minimiser cette vague de contestation en utilisant une image très usitée du lexique islamiste: «Le parti Ennahdha n’est pas une prison. On y vient par conviction et on le quitte quand on veut. Et ceux qui nous rejoignent sont nettement plus nombreux que ceux qui nous quittent. Et d’ailleurs, plusieurs de ceux qui nous ont quittés ont changé d’avis et ont réintégré nos rangs, ou sont restés nos amis…»

Le tout-va-très-bien-madame-la-marquise du président de l’Assemblée ressemble étrangement à cette note humoristique tunisienne qui dit : «l’oued est en train d’emporter la veille dame et elle trouve le moyen de clamer que les récoltes de cette année seront abondantes.»

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