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Tunisie : Et si le dinar convertible était la solution au déficit commercial ?

L’adoption du dinar convertible pourrait aider l’Etat et les entreprises publiques et privées en Tunisie à diminuer leurs besoins en devises, leurs pertes de change, leurs coûts d’importation et, par conséquent, le déficit de la balance commerciale du pays.

Par Atef Hannachi *

Depuis 2016 et l’adoption du plan de réforme de l’économie tunisienne convenu avec les bailleurs de fonds internationaux, et notamment le Fonds monétaire international (FMI), la monnaie nationale, le dinar, n’a pas cessé de se dévaloriser par rapport aux principales devises internationales, l’euro et le dollar. Et il n’a commencé à se stabiliser que ces dernières semaines.

Réglementation de change et baisse du dinar

Cette dévalorisation a eu pour conséquence une majoration des coûts d’importations et une aggravation du déficit de la balance commerciale en monnaie locale.

Par ailleurs, les ressources de l’Etat et des secteurs stratégiques qu’il monopolise sont devenues insuffisantes étant donné l’incapacité de l’impôt collecté à couvrir les besoins d’importation de l’Etat.

Rappelons, à ce propos, que plusieurs projets programmés par l’Etat se trouvent aujourd’hui bloqués par l’effet de l’augmentation des coûts d’importation, l’allocation budgétaire étant devenue insuffisance au cours actuelle.

Cette situation a entraîné une augmentation de la pression fiscale et une majoration des prix des produits de base, tel que le carburant, une hausse de l’inflation et une baisse du pouvoir d’achat des citoyens.

Le hic réside dans le fait que la réglementation de change n’a pas suivi cette libération du dinar pour permettre aux entreprises de se couvrir contre le risque de change devenu un élément essentiel dans la rentabilité.

Pour toutes ces raisons, nous estimons que l’adoption et la réglementation du dinar convertible pourraient permettre aux entreprises privés et publiques, ainsi qu’à l’Etat lui-même, de diminuer leurs besoins en devises, leurs pertes de change et leurs coûts d’importation.

Les pays du Maghreb comme passerelle pour les importations

Sur un autre plan, nos statistiques de commerce extérieur avec les pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA) détaillées dans le tableau suivant démontrent la rentabilité pouvant découler de l’utilisation du dinar convertible comme devise d’échange.

Comparativement à la Tunisie, l’Algérie et le Maroc n’ont pas connu une instabilité du cours de leurs monnaies respectives par rapport à l’euro et le dollar. Leurs monnaies se stabilisent comme suit par rapport à ces deux monnaies internationales:

Un arbitrage de change peut se réaliser et nous estimons que la Tunisie a des opportunités de change avec les pays de l’UMA. Il faut pour cela qu’elle améliore et assouplisse l’utilisation du dinar convertible, qui demeure sous autorisation de la Banque centrale, et qu’elle utilise le dinar convertible comme monnaie de règlement des importations et des exportations, comme les importations de carburants et des produits d’infrastructure, ce qui aura pour effet de réduire les besoins de l’économie par rapport à l’euro et le dollar.

La Tunisie doit aussi utiliser les pays du Maghreb, dont les devises sont stables, comme des passerelles pour ses importations du reste du monde, ce qui aura pour effet de réduire les coûts des transactions.

* Expert comptable.

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