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Le poème du dimanche: ‘‘Mon portrait’’ d’Alexandre Pouchkine

Poète de l’âme russe par excellence, Alexandre Pouchkine évoque dans ce poème sa trajectoire. Le plus francophone des poètes russes a écrit ce poème en français en 1814.

Alexandre Sergueïevitch Pouchkine est un poète, dramaturge et romancier russe né à Moscou 26 mai 1799 et mort à Saint-Pétersbourg le 29 janvier 1837. Issu d’une ancienne famille de la noblesse russe, sa mère était la petite-fille d’Abraham Pétrovitch Hanibal, esclave africain affranchi et anobli par Pierre le Grand. Pouchkine reçoit une éducation française et devient fonctionnaire impérial.

Animé par des idées libérales, il ose critiquer la politique d’Alexandre III, comme l’attestent le poème ‘‘Ode à la liberté ou la tragédie historique Boris Godounov’’. Il est donc envoyé en exil dans le Caucase en 1818. Réhabilité par Nicolas 1er, Pouchkine reprend la vie mondaine qu’il avait abandonnée.

Il épouse Natalia Gontcharova, en 1831, et poursuit son activité littéraire, cette fois-ci protégé par le pouvoir. Pendant cette période de sa vie, Pouchkine, en pleine maturité littéraire, entame son œuvre en prose. ‘‘La Dame de Pique’’ (1833) est une longue nouvelle d’inspiration fantastique. ‘‘La Fille du Capitaine’’ (1836), quant à elle, est une histoire d’amour qui se déroule pendant la révolte de Pougatchev. Il compose aussi le célèbre poème du ‘‘Cavalier de bronze’’ (1833), et surtout son chef-d’œuvre, ‘‘Eugène Onéguine’’ (1823-1830).

Cependant, si les dernières années de la vie de Pouchkine ne sont pas heureuses, c’est avant tout pour des raisons familiales. Sa femme, particulièrement dispendieuse et coquette, tombe sous le charme d’un officier alsacien, le baron Georges-Charles de Heeckeren d’Anthès. Ce dernier se faisant de plus en plus pressant, Pouchkine le provoque en duel. Le poète reçoit une balle de pistolet dans le ventre et meurt deux jours plus tard. Il est enterré au monastère Swjatogorski.

Pouchkine était déjà considéré au moment de sa mort comme le plus grand écrivain russe. Les circonstances dramatiques de sa disparition l’ont transformé en véritable légende. Aujourd’hui, Alexandre Pouchkine est un emblème pour la Russie et y est plus que jamais célébré. L’aéroport de Moscou sera rebaptisé aéroport Alexandre Pouchkine de même qu’un parc à thème qui lui est consacré est en phase de construction à Saint-Pétersbourg.

Admirée par de nombreux artistes, l’œuvre de Pouchkine est mise en musique par de grands compositeurs comme Tchaïkovski (‘‘La Dame de pique’’, ‘‘Eugène Onéguine’’), Rachmaninov (‘‘Le Chevalier avare’’), Modeste Moussorgski (‘‘Boris Godounov’’) et Rimski-Korsakov (‘‘Le Conte du tsar Saltan’’).

Vous me demandez mon portrait,
Mais peint d’après nature :
Mon cher, il sera bientôt fait
Quoiqu’en miniature.

Je suis un jeune polisson
Encore dans les classes ;
Point sot, je le dis sans façon
Et sans fades grimaces.

Oui, il ne fut babillard,
Ni docteur en Sorbonne,
Plus ennuyeux et plus braillard
Que moi-même en personne.

Ma taille à celle des plus longs
Las ! n’est point égalée;
J’ai le teint frais, les cheveux blonds
Et la tête bouclée.

J’aime et le monde et son fracas,
Je hais la solitude ;
J’abhorre et noises et débats
Et tant soit peu l’étude.

Spectacles, bals me plaisent fort,
Et d’après ma pensée
Je dirais ce que j’aime encore
Si je n’étais au Lycée.

Après cela, mon cher ami,
L’on peut me reconnaître;
Oui, tel que le bon Dieu me fit,
Je veux toujours paraître.

Vrai démon pour l’espièglerie,
Vrai singe pour la mine,
Beaucoup et trop d’étourderie,
Ma foi, voilà Pouchkine.

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