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Drame de Kairouan : Abdellatif Mekki se voile la face et évoque «l’addiction des jeunes»

Abdellatif Mekki, ministre de la Santé publique, est enfin sorti de son silence, ce jeudi 28 mai 2020, concernant le drame de l’alcool méthylique, qui a causé l’intoxication de dizaines de personnes à Kairouan et le décès de 7 d’entre eux. Toutefois, il aurait peut-être dû continuer à se taire…

Accusé par une partie de l’opinion publique d’éviter le sujet pour des raisons idéologiques, le ministre islamiste a plutôt confirmé ces doutes, en expliquant ce drame par le problème de «l’addiction des jeunes».

Une analyse visiblement biaisée, car en l’occurrence, il s’agit d’un faux-problème. Le conservateur ayant zappé le motif essentiel ayant conduit à ce drame, à savoir l’absence de lieux de loisirs à Kairouan, où il n’y a ni salles de cinéma, ni clubs culturels, ni bars, ni discothèques, ni même un seul point de vente légale de boissons alcoolisées.

Les individus intoxiqués n’étaient pas forcément dépendants et ils n’étaient pas non plus exclusivement des jeunes. Il y a même des sexagénaires parmi les victimes. Le point en commun entre eux est le fait qu’ils ont la malchance de vivre dans un endroit géré de manière moyenâgeuse, rien que parce qu’il est considéré comme étant «une ville islamique», où le vin, par un drôle de raisonnement, est interdit à la vente. Et par ces temps de confinement, il faut aller loin, très loin, pour pouvoir trouver un point de vente de boissons alcoolisées.

Par ailleurs, et quand on sait qu’à travers l’histoire, des pratiques aussi libertines (et amorales) que l’esclavage sexuel étaient ouvertement permises dans les villes islamiques, y compris Kairouan lors de l’invasion d’Okba Ibn Nafi, on est en droit de se demander quand est-ce que cette hypocrisie prendra fin chez les Tunisiens attachés à cette fausse-chasteté islamique, et surtout chez l’Etat qui est appelé à garantir les libertés individuelles à ses citoyens, conformément à la constitution.

L’Etat tunisien devrait d’ailleurs plutôt s’excuser de la situation actuelle de la ville de Kairouan, s’excuser pour ces âmes perdues, et travailler sur la mise en place de solutions rapides, au lieu d’évoquer des justifications aussi oiseuses que celle de M. Mekki.

Cherif Ben Younès

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