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L’Egypte et la Tunisie face à la Covid-19 : La démocratie a fait la différence

L’Egypte, contrairement à la Tunisie, n’a pas joué la transparence dès l’apparition de la pandémie du coronavirus. Elle en paye aujourd’hui le plus lourd tribut, en remportant le titre du pays d’Afrique comptant, à ce jour, le plus grand nombre de morts déclarés par la Covid-19.

Par Pr Faouzi Addad *

Le 14 février 2020, l’Afrique a déclaré officiellement son premier cas de coronavirus. C’était au pays des Pharaons tenu par une main de fer par le général Abdelfattah Sissi. Alors que très peu de cas semblaient être détectés par les autorités égyptiennes, les cas importés d’Égypte dans plusieurs pays comme la France, la Tunisie et l’Angleterre laissaient penser que la pandémie était bien installée dans ce vaste pays de 100 millions d’habitants.

Trois semaines plus tard, et précisément le 6 mars, le ministère égyptien de la Santé confirmait 12 nouveaux cas et tous parmi le personnel naviguant d’une péniche effectuant des croisières sur le Nil.

Contre la Covid-19, des restrictions à la liberté d’information

Le pouvoir en place au Caire a essayé de minimiser la gravité de la pandémie face à une économie fragile et à un tourisme qui commençait à peine à se relancer. La ministre de la Santé faisait même une visite surprise en Chine pour essayer de mieux comprendre la situation dans ce pays où l’épidémie a commencé et peut-être aussi pour avoir une idée sur ce qui attendait les Egyptiens. La réponse du gouvernement n’a pas tardé : des mesures de restriction à la liberté d’information et non pas le confinement général, comme cela avait été décidé par la plupart des pays, notamment la Tunisie.

La pandémie n’ayant malheureusement pas été gérée dans la transparence, le résultat a suivi : l’Égypte est le pays d’Afrique qui compte le plus grands nombre de morts déclarés par la Covid-19 avec 959, au 31 mai 2020, et pratiquement 25.000 patients déclarés positifs (à comparer avec les 1084 infections et 48 morts comptabilisés à la même date en Tunisie).

Pire encore : le système sanitaire égyptien est en train de s’effondrer avec plus de 350 médecins infectés et 19 décès parmi le corps médical, principalement liés au manque de matériel de protection et de formation sur les moyens d’éviter la contamination. Et la vague des patients Covid-19 est en train de monter jour après jours dans une totale désinformation.

La Tunisie en partie sauvée par sa transition démocratique

Cela prouve, s’il en est besoin, que la transparence dont fait part un gouvernement et la confiance qu’il inspire ainsi au peuple sont des facteurs qui peuvent aider à juguler la pandémie. En revanche, les restrictions à la liberté d’information risquent de faire basculer la crise sanitaire vers une situation imprévisible et chaotique.

La transition démocratique en Tunisie, réalisée avant la survenue de cette crise sanitaire, a permis à notre pays de réaliser l’un des meilleurs bilans de la Covid-19 parmi les pays africains. Les Tunisiens ont adhéré très vite aux mesures préconisées par le gouvernement qui a été très transparent dans ses bulletins d’informations quotidiens. Cela a probablement joué un rôle positif dans la gestion de cette crise. Si celle-ci était survenue 10 ans en arrière, sous le règne de Ben Ali, on imagine que le bilan aurait été beaucoup plus lourd.

Cela pour dire que «la mère du monde», comme les Égyptiens aiment appeler leur grand pays, va encore vivre des jours très difficiles. Car chaque retard de prise en charge de ce virus est fatal, d’autant que nous avons toujours 14 jours de retard sur sa propagation. Même des pays riches ont en beaucoup souffert. Que dire de ceux qui n’ont pas joué la transparence dès l’apparition des premiers cas.

* Professeur en cardiologie.

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