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Aux origines du rapprochement Qalb Tounes-Al Karama

Nous l’avons tous vu, le nouveau copain des frères Nabil et Ghazi Karoui, c’est Seïfeddine Makhlouf. Sauf que le rapprochement n’est pas anodin. C’est un rapprochement intéressé qui a pour origine le très dangereux et explosif projet d’amendement du secteur audiovisuel présenté par la Coalition Al-Karama, un projet de délinquance cathodique.

Par Imed Bahri

Dans un cliché devenu viral, nous avons vu Seïfeddine Makhlouf, président du bloc Al-Karama, collé à la vitre du bolide de Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, comme un collant vendeur de mechmoum en train de lui parler alors que l’autre fumait son gros cigare. La scène se déroulait au parking de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Sur une autre photo, également prise à leur insu et dans le même endroit, nous avons vu le même Karoui discuter avec le même Makhlouf et son acolyte et figure de proue de la coalition islamo-populiste au Kram, Imed Dghij, un personnage sulfureux qui ne sait que manier les insultes et la goujaterie.

Nous avons également vu dans une vidéo Ghazi Karoui s’amuser avec le nouveau copain de son frère et son nouveau copain à lui aussi Seïfeddine Makhlouf au même endroit.

Derrière la lune de miel, un croisement d’intérêts

Pourquoi ce rapprochement et cette lune de miel entre les frères Karoui et Makhlouf?

Et bien, ce n’est pas seulement le fait que la formation politique des Karoui et celle de Makhlouf soient toutes les deux des satellites d’Ennahdha qui servent les desseins politiques de son leader stratège, Rached Ghannouchi. La raison principale est plus intéressée.

Le bloc parlementaire Al-Karama, présidé par Makhlouf, a présenté un projet de loi amendant le décret-loi n°116 du 2 novembre 2011 relatif à la communication audiovisuelle. Un projet de loi explosif, très dangereux et qui peut permettre à tout individu sans aucune condition d’ouvrir une station radio ou une chaîne de télévision sans aucune autorisation, ni contrôle, ni la moindre réglementation.

Bref, c’est la loi de la jungle médiatique et la délinquance cathodique qui régularisera tous les hors-la-loi du secteur, à commencer par les frères Karoui et leur Nessma TV, et ouvrira la porte à tous les dangereux propagandistes pour répandre leur poison dans l’impunité la plus totale.

Pour Nabil Karoui, qui est en guerre contre la législation et la régulation du secteur depuis des années et qui croise le fer avec la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), instance de régulation du secteur, c’est un cadeau du ciel que lui offre Seïfeddine Makhlouf et ses acolytes islamo-populistes d’Al-Karama.

Qalb Tounes ne pouvait pas présenter lui-même ce projet d’amendement, la ficelle serait un peu trop grosse et bien, le bloc de Makhlouf le fait à sa place.

Bientôt, le règne définitif des hors-la-loi

Nessma est dans l’illégalité. Une double illégalité prononcée aussi bien par la justice que par l’instance de régulation du secteur. La décision de la justice, rendue par le Tribunal de première instance de Ben Arous en date du jeudi 23 mai 2019 affirmant que la chaîne de Karoui est illégale depuis 2014 et la décision rendue par la Haica indiquant que Nessma est illégale et doit cesser d’émettre. Si le projet d’amendement présenté par le bloc Al-Karama passe, Karoui est sauvé! Mieux que ça, il triomphera sur la Justice et sur la Haica. Et ce sera le règne définitif des hors-la-loi,

Mais le sulfureux Seïfeddine Makhlouf n’est pas l’abbé Pierre. Il ne le fait pas uniquement pour les beaux yeux de Nabil Karoui, il le fait aussi pour sa paroisse, pour la famille islamiste élargie et pour l’Axe Ankara-Doha qu’il sert servilement.

Demain si ce dangereux projet de loi passe, des chaînes faisant la propagande de la politique de l’axe turco-qatari émettront librement et diffuseront leur propagande pompeusement. La Tunisie risque de devenir la base arrière médiatique de cet axe du mal. Les chaînes créées par les renseignements turcs, qui diffusent depuis Istanbul, qui sont financés par le Qatar et dont les présentateurs sont des agitateurs qui livrent une guerre cathodique à l’Égypte et font la propagande des Frères musulmans, et bien ces chaînes s’établiront en Tunisie, émettront depuis la Tunisie et empêtreront davantage notre pays dans la guerre par procuration qui ravage la région et surtout ces chaînes déstabiliseront nos relations diplomatiques et historiques avec beaucoup de pays comme l’Égypte.

Sans oublier que ce projet de loi permettra l’établissement de chaînes de prosélytisme religieux et idéologique dangereux comme le wahhabisme. Il permettra ostentatoirement et avec insolence de blanchir l’argent sale dans le secteur audiovisuel. Bref, ce projet d’amendement sera suicidaire pour la Tunisie.

Il faut barrer la route à un amendement suicidaire pour la Tunisie

Hichem Senoussi, membre de la Haica et poil à gratter de Nabil Karoui depuis des années et auquel ce dernier a consacré quelques uns de ses délicieux plateaux de diffamation et de dénigrement (admirez les procédés de celui qui voulait devenir président de la république) a rappelé hier, vendredi 19 juin 2020, au quotidien ‘‘La Presse’’ l’objectif de ce dangereux amendement: «La normalisation de la situation des médias hors-la-loi à des fins politiques très restreintes. Les organisations nationales, syndicales et professionnelles sont unanimes à cet effet. À travers ce projet d’amendement, il existe une intention de maintenir les médias en état d’anarchie pour servir des intérêts politiques étriqués». Il appelle le gouvernement Fakhfakh à accélérer la présentation à l’ARP de son projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et à l’information pour barrer la route à cet éventuel amendement dangereux.

Ce projet d’amendement, que mijotent les nouveaux copains en lune de miel actuellement Karoui et Makhlouf, relève de la délinquance cathodique et met en danger la Tunisie, ses intérêts supérieurs, sa réputation et son image. Il fera de la Tunisie un paradis pour le blanchiment d’argent, les basses besognes des services de renseignements extérieurs et les délinquants de tout acabit.

Le président de la république Kaïs Saïed doit user de son autorité morale et de sa grande popularité pour sensibiliser les citoyens sur la gravité de cet amendement dangereux afin qu’ils se mobilisent pour lui barrer la route. Le silence de M. Saïed est complice s’il reste muet sur ce sujet.

Les blocs parlementaires, les forces politiques et les citoyens patriotes et engagés doivent se mobiliser eux aussi pour empêcher cet amendement dangereux qui galvaudera la Tunisie.

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