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Tunisie : Les extrémistes religieux sèment le désordre à l’Assemblée

Seifeddine Makhlouf, surnommé l’«avocat des terroristes», sème le désordre à l’Assemblée (ici posant avec des milices islamistes armées en Libye en 2011).

La présence de députés issus de la nébuleuse extrémiste religieuse, à l’instar de ceux de la coalition Al-Karama, une excroissance du parti islamiste Ennahdha, est un facteur d’instabilité au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et dans le pays d’une façon générale. Ce qui vient de se passer aujourd’hui, vendredi 10 juillet 2020, sous la coupole du Palais du Bardo, nous en donne une nouvelle preuve s’il en est encore besoin.

Par Imed Bahri

Récit d’une journée parlementaire ordinaire : les agents chargés de la sécurité de l’Assemblée ont empêché un individu classé sur la fameuse liste S 17, comprenant des noms d’extrémistes religieux susceptibles de constituer un danger pour leurs compatriotes et qui sont interdits de voyage, de pénétrer dans l’enceinte du parlement.

Un extrémiste colérique et haineux à l’Assemblée

Cet individu, Hafedh Barhoumi, était invité par des députés du bloc Al-Karama, qui, eux, n’ont pas de problème avec ce genre de personnes et ne voient aucun inconvénient à ce qu’ils pénètrent dans un lieu aussi symbolique, incarnant la représentation populaire et l’autorité de l’Etat.

Il ne fallait pas plus pour provoquer la colère de Seifeddine Makhlouf, président du Bloc Al-Karama, l’«avocat des terroristes» devenu député, et ses «frères musulmans», qui a crié à la face des agents : «Ben Ali est mort et les cellules de son parti ont fermé», ajoutant que «celui qui empêche les accompagnateurs des députés Al-Karama d’entrer au parlement n’est pas encore né», et menaçant d’empêcher la tenue de la séance plénière prévue dans l’après-midi.

Cette scène d’agression verbale contre les agents dans les couloirs même de l’Assemblée n’a pas manqué d’être condamnée par plusieurs députés, notamment Salem Labiadh du mouvement Echaab, membre de la coalition gouvernementale, ou encore Tarek Fetiti, vice-président du parlement, qui a dirigé la séance de l’après-midi.

La stratégie de tension et de déstabilisation d’Ennahdha

En donnant naissance à Al-Karama, une formation ayant pour mission de rassembler ses éléments les plus radicaux et de s’attaquer plus frontalement et plus violemment à ses adversaires politiques, Ennahdha savait que cela allait provoquer des problèmes comme celui d’aujourd’hui et, ainsi, aggraver les tensions au sein du parlement et sur la scène politique en général. Mais cela, on l’a compris, fait partie de la stratégie de ce parti visant à affaiblir les institutions de l’Etat et à semer l’anarchie dans le pays.

Parions qu’après le grave incident d’aujourd’hui, ses dirigeants ne bougeront pas le petit doigt, feront semblant de n’avoir rien vu ou entendu ou, pis encore, trouveront des arguments oiseux pour justifier les excès de leur «marionnette».

Rappelons que Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL) et de son bloc parlementaire, ennemie jurée des islamistes, s’était déjà plainte auprès du bureau de l’Assemblée et de son président, Rached Ghannouchi, par ailleurs président d’Ennahdha, de la présence de gens dangereux dans les couloirs de l’Assemblée. Pour avoir été prise à partie et même insultée par ces gens au sein même de l’Assemblée, elle a affirmé ne plus s’y sentir en sécurité et craindre même pour sa vie. Ambiance…

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