09 Août 2020 | 15:28 A LA UNE, POLITIQUE, TRIBUNE, Tunisie
L’auteur essaye d’expliquer la démarche et la méthode de Kaïs Saïed pour tuer la partitocratie tunisienne qui a mis le pays à genoux durant cette décennie. Cependant, il oublie que la crise socio-économique aide beaucoup le président de la république dans son projet et de ce fait se trouve être objectivement sa meilleure alliée. Mais après avoir dynamité la partitocratie tunisienne, que faire ? Le projet du président est-il crédible et réalisable ou bien théorique et utopiste ?
Par Hassen Zargouni *
Kaïs Saïed a fait sa thèse, l’œuvre d’une vie, sur une nouvelle constitution qui élimine de la vie politique la notion de partis, véritables officines qui ne cherchent que l’intérêt de qui les financent et non du peuple, de leurs fondateurs et non de l’intérêt général, et un mode de scrutin se rapprochant de la démocratie athénienne, avec tirage au sort des citoyens car partant du principe qu’un brave citoyen ne désire jamais commander et donc tous ceux qui veulent faire de la politique pour commander sont des voyous, en gros…
Cette thèse ne passait évidemment pas du temps de Zine El Abidine Ben Ali et n’est pas passée chez Yadh Ben Achour lors de l’élaboration du mode du scrutin de 2011 qui est resté à ce jour le même et la constitution de 2014 a fini par sacraliser le rôle des partis dans la vie politique en Tunisie, au grand dam de Kaïs Saïed, l’érudit du droit constitutionnel (voir à ce sujet la vidéo de sa conférence sur l’histoire et les dessous des constituons iranienne, turque, française, tunisienne… faite devant un parterre de juristes).
Aujourd’hui, il le constitutionnaliste est président élu par une très forte majorité. Il n’a pas cherché le conflit frontal après son élection; il a mis de côté son projet sans l’oublier. Il lui fallait un ennemi pour démonter le système en place, c’est le parlement. Car pour faire passer son projet il lui faut faire un référendum. Pour cela, il est sûr que le peuple suivra car le parlement et les élus actuels sont honnis par une forte majorité. Il se doit donc de continuer son discours conspirationniste (des partis qui aident les jeunes au voyage clandestin à Sfax, des organisations qui favorisent le départ de feu à Amdoun…) pour enfoncer les partis et les élus actuels.
Il a donc choisi la stratégie lente et non frontale du changement de la gouvernance du pays. Il est d’autant sûr de son fait qu’il représente à lui seul, lui qui n’est issu d’aucun parti, la réussite d’un tel concept de gouvernance, assez rare dans le monde à vrai dire.
Tout ceci en négligeant, consciemment ou pas, l’effet de la crise économique sur l’état émotionnel des gens et le risque de troubles sociaux qui peuvent déjouer ses desseins. C’est une course contre la montre. Il a engagé le bras de fer avec les partis, les pro-islam politique, les anti-corruption et les pro-ancien régime (les sociaux démocrates et les socio-libéraux étant des entités politiques populairement faibles), l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et ce qu’elle représente comme l’antipode de son projet… Il a pris le pouvoir total en nommant le chef de gouvernement lui-même et non proposé par les partis. Il finira aussi par choisir un gouvernement dont les membres sont non partisans. Son projet est donc sur les rails.
Serait-ce souhaitable ? Serait-ce possible? Serait-ce aventureux ou bien réfléchi ? Serait-ce profitable pour le pays et les citoyens? Faut-il soutenir Kaïs Saïed ?
Oui certainement mais la raison doit l’emporter, sans esprit de vengeance, ni rancune, ni ressentiment car personne n’y gagnera ni Kaïs Saïed ni ses détracteurs. On doit l’aider à être rationnel et prendre conscience davantage de la complexité du monde qui nous entoure. L’intérêt de la Tunisie et des Tunisiens étant le seul mobile pour n’importe quel dessein, innovant ou classique de la gestion publique.
En voilà des questions auxquelles on ne pourra répondre que dans quelques mois. D’ici là, la crise socio-économique pourrait tout remettre en cause, tellement elle sera profonde.
* Directeur général de Sigma Conseil.
Hassen Zargouni tu touche au vrai problème de la représentation des citoyens. Tu ne crois pas que, non seulement en Tunisie, mais dans le monde entier la représentation par les partis politiques et les systèmes électoraux ont atteint leurs limites. Qu’il faut réfléchir a d’autres méthodes pour atteindre une vraie démocratie participative. Tu as raison de dire que certaines compétences et des personnes propres ne veulent plus participer à ce cirque. Au lieu de voter pour des listes ou même des personnes qui se présentent pour être au parlement, il existe un système où une méthode, qui commence à faire ses preuves et qui est pratiquée dans certains milieux est la suivante: les citoyens devraient choisir en leur âme et conscience et librement les personnes de leur choix mais surtout sans candidature. Cette méthode implique bien sûr une certaine maturité mais surtout une connaissance plus profonde des personnes à élire. Ce qui implique aussi des relations plus importantes entre les citoyens et ceci serait possible quand tous les citoyens depuis leur jeune âge adhèrent aux activités de leurs communes, régions et ensuite au niveau national. L’idée des grands électeurs, par commune et région, pourrait être une des voie à exprimenter. Le monde évolue et rien n’est définitif ou absolu. Il devrait évoluer avec l’évolution de la société. Bon courage et bonne chance pour la Tunisie 😍😍
Kais Saied est en train d’experimenter avec un pays deja en difficulte. Nous n’avons pas besoin d’experimentation. Il suffit de voir dans le monde les systemes qui marchent.
Son utopie de democratie directe a la jamahiriya de Guedaffi ne fonctionne pas. Elle a ruine la Libye. Elle generera encore plus de corruption au niveau local que le systeme actuel, la Libye sous Guedaffi etait l’un des pays les plus corrumpus du monde entier.
Meme dans les systemes federaux avec une portion de democratie directe, les electeurs choisissent aussi bien leurs representants dans les commununes, que dans les landers/Kantonen (exemple Allemagne/Suisse) et les parlements federaux. Kais Saied lui veut laisser les representants locaux choisir le pouvoir central, c.a.d au fond il va reduire le choix des citoyens et ils n’auront plus d’infleunce sur les decisions centrales.
Notre systeme n’est pas mal mais il faut faire des corrections:
1- Etablir une democratie parlementaire assumee, c.a.d reduire le role du president a la representation, un president elu par le parlement comme dans les democratie parlementaires
2- Introduire une democratie directe comme en Suisse pour des sujets importants c.a.d donner aux citoyens la chance de choisir a travers un referendum. Le parti de Mr. Mraihi a propose un tel amendement de la constitution dans sa compagne electorale.
3- Reformer la loi electorale pour avoir 50% des sieges par election directe et 50% proportionelle et un seuil a 5%
Le resultat des idees de Mr. Kais Saied on peut les voir en Libye, Syrie et Irak. La democratie qui ne peut reposer que sur le travail de vrais partis a donne la properere aux democraties europeennes.
Lui et son entourage vont continuer a utilser le travail de sabotage de Abir Moussi pour affiablir les partlis et le parlement mais tot ou tard il va aussi avoir une confrontation avec Moussi car les deux veulent un pouvoir absolu mais chacun pour son propre compte.
Les partis peuvent se defendre s’ils acceptent d’aller a des elections anticipees et le parti gagnant peut alors installer un vrai un chef de gouvernement pour une vraie separation des pouvoirs telle voulue par la constitution, une separation seule garantie de democratie sinon les tunisiens finiront dans une dictature dirigiee par les baathistes ou par une dirigee par les rcdistes car toutes les forces issues de la revolution sont faibles et sont occupees par des conflits bizantins exemple conflit entre Nahdha et Tayyar alors que les deux sont menaces.
Concernant l’electorat, beaucoup de ceux qui ont vote pour Kais Saied l’ont vote sans connaitre son programme. En effet sans l’electorat de Nahdha, Saied n’aurait jamais fait le deuxiemme tour. Une grande partie des nahdhaouis a trahi Mourou au premier tour mais ceci fait partie de l’histoire, on verra les mouvements des uns et des autres aux prochaines elections.
Ce type est dangereux et imprévisible. Si la Tunisie vote avec les États Unis contre l’Iran, je déchire mon passeport tunisien. Une honte, on se fait acheter par un taré comme Trump.
On n’a assez d’attendre et d’esperer pour gagner des clous, le chomage augmente les prix s’envolent le dinar decline gravement, on est au bord de la famine et non de la faillite, dire qu’on est guere conscient de la situation .c’est marre,aussi ce parlement n’a pas l’heur de plaire a personne d’autant plus qu’il n’a rien a ajouter a part chamaille et rixe .A son epoque Cromwell a fait dissoudre son parlement parcequ’il a mene le pays a une guerre civile sans treve. par ailleurs si on a afflue au scrutin de la presidentielle c’est que le pays a besoin d’un seul president responsable qui gouverne sans consideration ni apprehention ou calcul auquel tous doivent obtemperer (en l’occurence je sens que le president actuel est le meilleure.. sans equivoque) que Dieu garde ce petit pays notre ultime refuge.
On commence par faire simple, convaincre les tunisiens de s’acquitter de leurs obligations fiscales, taxes et impôts locaux et bien sûr de l’obligation de déclarer les travailleurs à la sécurité sociale.
On fait un maximum de pédagogie de conviction pour « régulariser » le marché informel de la meilleure façon possible pour qu’il participe l’effort national dans le sens précité.
Avec, éventuellement l’instauration d’une « carte de sécurité sociale » (Social Security Card du modèle anglo-saxon). Par ailleurs, le vote à scrutin majoritaire à deux tours, aussi bien pour les législatives que pour les présidentielles renforcerait le processus démocratique, qui, disons-le nous bien, prendra quelques décennies avant d’être ancré dans les esprits. Alors, excusez moi, il ne « faut pas chercher midi à quatorze heures », car on sait où mènent les tentatives de démocratie directe, l’histoire ne manque pas d’expériences désastreuses qui ont fini dramatiquement.
Bonsoir,
Je rejoints entièrement les idées du président. Ahmdoullah, enfin.
Obsolète ce système politique qui repose sur des guerres partisanes. Il a que faire le citoyen. Il ne naît pas pour être conservateur, communiste ou je ne sais quelle autre chimère.
Un nouveau mode de scrutin et de gouvernance doit voir le jour.
Devenons le premier pays possédant le système politique en adéquation avec son temps.