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En Tunisie, la médiocratie est érigée en système de gouvernance

Un jeune cadre recruté dans une administration qui a une bonne compétence va gravir les échelons et avancer dans sa carrière et il va avancer encore tant qu’il est toujours compétent et performant. Parlant de la Tunisie, Ceci n’est vrai qu’en théorie et dans certaines institutions privées ou étrangères.

Par Faouzi Ben Abderrahman *

Dans la pratique, dans l’administration tunisienne et dans les entreprises publiques en général et aussi dans les entreprises familiales (petites et grandes), ces principes ne sont pas appliqués ou ne le sont qu’en apparence.

Dans l’administration tunisienne, il n’y a pas de système d’évaluation des ressources humaines et la promotion se fait par l’ancienneté, on rétribue en fait la résistance à exister et la capacité à durer, pas la qualité du travail ni la compétence, et quand il s’agit de postes limités, on choisit sur la base d’allégeance et de proximité (la politique est passée par là pour ériger la médiocratie en système de gouvernance).

Ces promotions ne s’accompagnent pas en général d’une formation adéquate essentiellement en management et en leadership.

Laurence Peter, un pédagogue canadien, a énoncé le principe suivant : «Dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence». Et comme corollaire à ce principe, un constat amer : à terme, tous les postes de responsabilité seront occupés par des incompétents (aux postes, car l’incompétence est un concept tout à fait relatif).

La science des organisations et la science de la gestion des ressources humaines ont trouvé des parades judicieuses à cette problématique, qui sont largement appliqués partout (un post sur le sujet est nécessaire).

En Tunisie, on innove, on fait gagner du temps à l’incompétence et au lieu d’attendre que la personne atteigne son poste d’incompétence tranquillement, on le parachute directement dans le poste où il est le plus incompétent. On est ainsi tranquilles !

Pour clore ce sujet douloureux, deux remarques importantes sur les effets dévastateurs d’un incompétent (ça se conjugue au féminin aussi, égalité oblige !) :

  • là où il y a incompétence, il y a démotivation générale et donc faillite de l’organisation et de son rendement;
  • là où il y a incompétence, il y a juste à côté malversations et corruption.

À bon entendeur.

* Ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

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