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Adieu Docteur Haithem Chemchik

La nouvelle est tombée hier mardi 29 septembre 2020 : la communauté médicale tunisienne a perdu un grand homme. Le docteur Haithem Chemchik, anesthésiste réanimateur, n’est plus. Il est parti aux cieux laissant derrière lui une famille endolorie et des amis et collègues inconsolables. Il avait 44 printemps.

Par Dr Moez Khemiss *

Jamais je ne me suis imaginé un seul instant en train d’écrire ces quelques lignes pour rendre hommage à mon ami Haithem Chemchik. Mais la vie en a décidé autrement.

J’ai connu Haithem en 2009. J’étais jeune résident fougueux au service de réanimation du CHU Sahloul et il était jeune assistant universitaire tout flambant et fraîchement rentré de France après quelques années passées aux hôpitaux de Paris. Il avait une aura exaltante et une force d’attraction que je ne saurais expliquer. Le docteur Chemchik a tout de suite fait l’unanimité auprès de toute l’équipe d’anesthésie réanimation. Travailleur acharné et inépuisable, il appartenait a une lignée de grands et rares médecins dont la philosophie est axée autour de l’enseignement de l’art de la médecine et de la transmission du savoir sans avarice. Et c’est pour cette raison qu’il était plus qu’un brillant praticien.

Il aimait son métier, ses patients. Il aimait ses résidents, ses étudiants. Il impressionnait par sa générosité sans limite et son dévouement sans faille. Il nous a toujours soutenu – nous jeunes résidents. Il a toujours défendu nos intérêts et ceux du service d’anesthésie réanimation à une époque où la critique et la revendication étaient assimilées à un acte de rébellion. Et il en a même payé le prix fort. Jamais il ne disait «Non» chaque fois que nous avions sollicité son aide au sein et en dehors de l’hôpital.

Nous l’aimions.

Je me souviens des journées et des gardes que nous avions faites ensemble comme si c’était hier. Je me souviens des longues heures de travail. Je me souviens des fous rires. Je me souviens de nos discussions animées et vives. Je me souviens surtout de toute la bonne humeur qu’il arrivait à transmettre autour de lui. Docteur Haithem Chemchik respirait la vie et le bonheur.

Haithem était mon ami et mon confident. Et moi j’étais heureux de travailler avec lui et sous sa responsabilité. Et j’ai toujours été conscient de cette immense chance.

Durant toutes les années où il était au CHU de Sahloul, il n’a point changé. Il avait toujours le sourire; il était rayonnant. Il donnait l’exemple par sa ponctualité, sa persévérance et surtout par son humilité. Il était l’un des meilleurs senior que j’ai eu durant ma formation, I’un des seuls qui passe la garde sur place, l’un des seuls à s’obstiner pour faire apprendre à ses internes et ses résidents le métier de «médecin»,l’un des rares à ne jamais baisser les bras et à se battre jusqu’au bout.

Durant mes années de formation, jamais je n’ai entendu une personne se plaindre du docteur Chemchik, l’homme et le médecin. Son bureau était ouvert à tout le monde. Il avait ce don d’ouvrir son cœur et d’écouter.

Hélas, comme tous les jeunes médecins dynamiques et rebelles, il a été spolié par l’hôpital public ce qui a précipité son départ au secteur privé.

Aujourd’hui, je suis meurtri. Nous sommes tous meurtris et attristés. Nous avons perdu un être cher. Le docteur Haithem Chemchik après plusieurs jours de combat avec la maladie nous a quittés.

Adieu mon ami, adieu mon frère. Puisse Dieu t’accorder sa miséricorde.

Mes pensées vont vers son épouse et à ses enfants. Même si mes mots ne sont que faible consolation, je tiens à vous dire que toutes celles et tous ceux qui ont eu l’honneur de connaitre Haithem partagent votre douleur.

Tu resteras à jamais dans nos cœurs.

* Anesthésiste réanimateur.

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