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Seifeddine Makhlouf en mode danseuse du ventre

L’islamiste radical Seifeddine Makhlouf, porte-parole de la coalition Al-Karama, et le moderniste laïc Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, sont aujourd’hui cul et chemise. Pourtant, il n’y a pas longtemps, le premier ne ratait aucune occasion pour stigmatiser le second, incarnation absolue de l’ancien système.

Par Imed Bahri

Celui que l’on surnomme «l’avocat des terroristes» (cela ne le dérange pas outre mesure, puisqu’il le réclame lui-même et en est même fier) a commis des dizaines de posts Facebook et de déclarations médiatiques hostiles au patron de Nessma TV, magnat de publicité et de télévision, qui a mangé à tous les râteliers et qui est poursuivi en justice dans plusieurs affaires d’évasion fiscale, de corruption financière et de blanchiment d’argent. Lors de la campagne pour la dernière élection présidentielle, M. Makhlouf, qui se réclamait tapageusement de Kaïs Saïed, ne trouvait pas de mots assez insultants pour accabler l’adversaire de ce dernier lors du second tour, Nabil Karoui en l’occurrence.

Aujourd’hui, M. Makhlouf s’est jeté dans les bras du patron de Nessma, devenu soudain fréquentable et même «révolutionnaire», et menace de faire destituer l’actuel locataire du Palais de Carthage. Passer d’une posture à une autre, totalement opposée, en quelques semaines, sans sentir le besoin de s’expliquer, au moins auprès de ses électeurs, il n’y a que «l’avocat des terroristes» pour le faire avec cette arrogante insolence et cette effronterie de voyou.

Pour rafraîchir la mémoire de M. Makhlouf et celle de ses électeurs qu’il n’a pas cessé de rouler dans la farine, nous reproduisons (et traduisons en français) l’un de ses post Facebook datant du 20 novembre 2014, en pleine campagne présidentielle, où il s’attaquait en des termes peu nuancés à Karoui, dont la chaîne Nessma était mobilisée derrière le candidat anti-islamiste de l’époque, Béji Caïd Essebsi.

«La chaîne Nessma a vécu dans la risée avant la révolution en faisant la lèche à son ‘‘bouha lahnin’’ (père bien-aimé, expression utilisée par Nabil Karoui pour désigner l’ancien dictateur Zine El-Abidine Ben Ali, Ndlr). Et elle a vécu dans la risée après la révolution parce qu’elle n’a pas appris à se débarrasser de la mentalité de la pensée unique aveugle… et de la voix discordante unique… Et elle est aujourd’hui la risée parce qu’elle persiste à couvrir la campagne électorale de deux personnes : un candidat (Béji aïd Essebsi, Ndlr) et un demi-candidat (Slim Riahi, Ndlr)… en prenant le peuple tunisien pour un idiot pour ce qui est de tous les autres».

En politique, il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis, dirait Me Makhlouf, mais il faut être un grand hypocrite et une girouette sans foi ni loi pour passer d’un camp au camp totalement opposé avec la légèreté et la souplesse d’une danseuse du ventre. Et M. Makhlouf est moins respectable qu’une danseuse du ventre, car le spectacle qu’il offre, lui, est écœurant de médiocrité et de petitesse.

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