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La reprise économique reste tributaire d’une gestion efficace de la crise sanitaire

L’économie tunisienne, qui est déjà à bout de souffle, s’essoufflera encore davantage si on laisse le coronavirus circuler encore trop longtemps dans le pays. Aussi le gouvernement doit-il se résigner à décréter, le plus tôt possible, un confinement général pour une courte période, afin de casser le rythme d’évolution de l’épidémie et donner ainsi une chance à l’économie de repartir dans quelques semaines.

Par Amine Ben Gamra *

La Chine a montré au monde entier que la bonne gestion de la lutte contre la pandémie du coronavirus (Covid-19), dont elle fut, il y a un an, l’épicentre de départ, peut créer de la richesse.

À la différence de la plupart des autres pays qui ont eu des difficultés à contrôler l’épidémie, la Chine semble avoir trouvé la bonne riposte et la clé du succès qu’elle a enregistré sur ce front a été sa réponse coordonnée et agressive dès le début de l’épidémie, associée à la mise en place, par la suite, de systèmes robustes pour l’identification des cas entrants en provenance de l’étranger et la planification dynamique des mesures de riposte par son système de santé.

Par conséquent, en cette année 2020, la reprise sera beaucoup plus forte en Chine que dans tout autre pays du G20, et certainement avec une croissance positive du PIB réel. Avec la dynamique actuelle, d’ici la fin de 2021, le PIB de la Chine sera 10% plus élevé que celui de 2019. La perspective globale est très positive, et cette puissance montante sortira de 2020 dans une position très forte économiquement.

Un grand nombre de pays débordés par la pandémie

Tous les pays et régions qui ont pu contenir le virus et su réagir aux changements structurels provoqués par la pandémie en ont finalement tiré profit sur le plan économique et ont pris un train d’avance sur les autres pays et régions n’ayant pas su passer avec succès cette épreuve, se laissant déborder par la seconde vague de l’épidémie.

Malheureusement, la Tunisie fait partie de ces pays qui sont aujourd’hui en plein combat contre la propagation de la Covid-19. La raison réside dans le fait qu’elle n’a pas trouvé la bonne riposte ni le bon tempo pour réagir promptement pour ralentir la propagation de la pandémie. Elle a été desservie, il est vrai, par ses moyens relativement limités et par un déficit évident d’organisation, dû essentiellement à l’instabilité politique : trois gouvernements en moins d’un an, avec les changements de responsables et les retards dans l’allumage que l’on imagine. Ainsi donc, au lieu de donner un coup de frein brutal aux contaminations sans geler l’activité économique, la Tunisie a pris la décision de rouvrir les frontières, officiellement pour relancer l’économie en général et le tourisme en particulier, sans pour autant mettre en place de systèmes de détection et d’isolement des cas entrants en provenance de l’étranger. La suite on l’a connaît : une forte reprise du rythme des contaminations.

Actuellement, notre pays enregistre plus de 30 décès par jour liés à la pandémie de la Covid-19 et ce chiffre va continuer à augmenter, contre un total de 50 pour toute la première vague, entre début mars et fin juin. L’évolution du nombre des admissions en réanimation et des décès par ce virus est d’autant plus inquiétante que la Tunisie manque de lits de réanimation et, surtout, de médecins réanimateurs. Et pour cause : elle n’en forme pas assez et une partie des anesthésistes-réanimateurs formés dans les hôpitaux publics partent exercer leur talent à l’étranger, notamment en France, où ils sont fortement demandés.

Doit-on décréter un nouveau confinement général ?

Conséquence : nous allons faire face, dans les prochains jours, à une forte hausse du nombre des contaminations et des décès et nous n’avons pas les moyens d’y faire face efficacement. Et cela n’arrangera pas, on l’imagine, les acteurs économiques, qui font face actuellement à une situation à la fois précaire, chaotique et, surtout, sans visibilité suffisante. Et cela se comprend, car il ne peut y avoir de reprise économique dans une situation sanitaire dégradée.

Par ailleurs, notre économie, qui est déjà à bout de souffle, s’essoufflera encore davantage si on laisse le virus circuler encore trop longtemps. Aussi le gouvernement doit-il se résigner à décréter, le plus tôt possible, un confinement général pour une courte période, afin de casser le rythme d’évolution de l’épidémie, comme cela avait été fait au printemps, pour éviter une double catastrophe : sanitaire et socio-économique.

* Expert Comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.

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